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Le baquet
Datte: 26/12/2025, Catégories: #historique, #romantisme, fh, Auteur: Patrik, Source: Revebebe
Depuis que le roi François s’est laissé pousser la barbe pour cacher des marques d’un tison brûlant (à ce qu’on raconte), la plupart des nobles l’ont imité. Bien que personne de Qualité moi-même, je n’ai pas encore cédé à cette mode qui fleure fortement l’Italie. Anne-Louise d’Étambrieux est une jeune femme mal mariée à un querelleur de première catégorie. Heureusement pour elle, son époux est très souvent en balade dans le Royaume. Peu fidèle, il passe rarement ses nuits seul. Ce qui ne l’empêche pas d’être très pointilleux sur la vertu de sa femme, alors qu’il libertine sans vergogne au vu et au su de tous. Il a même plusieurs fois provoqué et occis des soi-disant galants, bien que sa femme soit vertueuse et n’a jamais cédé à quiconque. Mais quand on est issu d’une ancienne et riche famille dont les racines se perdent dans les méandres du temps, il est facile d’abattre du menu fretin tel des perdreaux… Je fréquente assez souvent Anne-Louise, mais je le fais toujours en compagnie de témoins. J’aime sa compagnie, elle est reposante, elle me change de bien des femmes plus exigeantes qui aimeraient mettre la main sur ma personne et mon patrimoine. J’avoue avoir ci et là quelques maîtresses, surtout depuis le décès par maladie de ma regrettée épouse qui m’a laissé trois enfants dont je m’occupe. Ils n’ont déjà plus de mère, je ne voudrais pas les priver d’un père. — Dis, tu vas retourner te battre en Italie comme avant ? — N’aie crainte, mon fils, je me suis arrangé ...
... pour être plus utile ici que là-bas. Je préfère que mes descendants me disent « tu », contrairement à ce qui se passe dans d’autres familles, je trouve que ça resserre mieux les liens. Mes enfançons et ceux d’Anne-Louise jouent souvent ensemble, ce qui est un bon prétexte pour bavarder avec Anne-Louise. Je ne cherche pas à séduire Madame d’Étambrieux, ce n’est pas mon but. Comme déjà dit, pour mes besoins masculins, j’ai ce qu’il me faut. Je bavarde avec elle de tout et de rien, et, visiblement, elle apprécie nos conversations qui égaient sa vie plutôt morne et routinière. Anne-Louise serait peut-être, voire sans doute, une bonne mère pour mes enfants, mais elle est déjà mariée, et être célibataire me convient. À la réflexion, elle est plutôt comme une petite sœur pour moi… Ces derniers temps, je consolide ses connaissances en latin, ce qui est utile si on souhaite lire la plupart des ouvrages un peu savants. Étonnée par ma rectification, elle demande : — Ah bon ? Le nominatif pluriel de VIRTVS n’est pas VIRTI ? Ce n’est pas comme DOMINVS-DOMINI ? — Non, c’est un imparisyllabique, troisième déclinaison. Le nominatif pluriel est VIRTVTES. — Comme CONSVL-CONSVLEM ? — Oui, en quelque sorte… Je reconnais que le latin n’est pas une langue évidente, mais le grec est pire encore. Mais chaque chose en son temps… Rituellement, j’aime prendre un bain dans un grand baquet tapissé de draps. C’est délassant et ça évite les mauvaises odeurs dont certaines personnes ...