Le Déluge 01 - Histoires de Sexe

Le Déluge 01

... graisse évacuée en accéléré.

— Avançons encore un peu, hurlai-je pour dominer le grondement du vent.

— Je ne peux plus marcher...

Lisa n'avait que vingt-sept ans. Je la connaissais depuis cinq ans, et pendant tout ce temps, elle n'avait jamais manqué d'entretenir son physique. Bien plus que moi qui m'astreignais à la marche minimum entre le salon et le garage pour rejoindre la voiture. La voir ainsi épuisée achevait de me démoraliser.

— Si on atteint un abri rocheux... commençai-je.

Je tirai fortement sur son poignet. Elle ne résista pas et se laissa entraîner. Le peu de végétation au sol avait rendu les armes et n'absorbait plus rien, si bien que Lisa tomba. Je la relevai péniblement, couverte de fange, mais son poids et l'instabilité du sol m'emportèrent et nous nous retrouvâmes à terre.

— Il faut trouver un abri, et espérer que lorsque le barrage lâchera, l'eau s'étalera sans faire un raz-de-marée.

Nous étions plus que crottés. Des personnages de boue, alourdis par l'eau et la terre, pataugeant, dérapant, et ne distinguant pas réellement où nous nous dirigions. Une seule certitude, nous grimpions.

******

Nous étions devant une sorte de cabane. Un chalet, mais d'allure plus rustique. Lisa frappa à la porte. Au-dessus de la porte d'entrée, il y avait une sorte de tonnelle, une marquise en bois qui en temps normal protège du soleil ou de la pluie, mais qui dans ces circonstances ne servait à rien. Je ne sais pas si j'espérais obtenir une réponse ...

... ou pas, mais je trépignais d'impatience. Après trois ou quatre essais, je m'apprêtais à forcer la porte, lorsqu'un grincement de gonds se fit entendre, le battant s'ouvrit et le canon d'un fusil de chasse apparut dans l'entrebâillement.

— Fichez le camp!

Une voix de femme.

— Écoutez Madame..., tenta Lisa.

— Fichez le camp ou je vous plombe!

— Nous ne vous voulons aucun mal!

— C'est ce que m'ont dit vos complices, y'a pas longtemps. Alors, filez!

— On ne peut pas, il va y avoir une inondation en plus de la tempête, le barrage va péter, criai-je.

J'avais touché juste. La porte s'ouvrit. Au bout du fusil, la femme était moins âgée que sa voix ne le laissait présager. Les éléments naturels et l'éloignement avaient déformé son timbre. La femme devait avoir aux alentours de quarante quarante-cinq ans, elle était relativement grande, avec un visage rude, mais pas désagréable. Elle était vêtue d'une sorte de houppelande qui dissimulait son corps et dont la capuche rabattue au-dessus des sourcils à la naissance de son front ombrageait son regard.

— Vous dites que le barrage va craquer?

— Celui-là et d'autres. C'est ce qu'ils ont annoncé. C'est pour ça qu'on a grimpé en hauteur.

Elle semblait perturbée.

— Ouais, c'est p'têt bien des craques.

— Vérifiez, je vous en prie, supplia Lisa.

Le ton de ma femme fit vaciller la détermination de la femme.

— Et comment que je pourrais?

— On a nos smartphones dans le sac... s'ils marchent encore, avec ...