1. La Faille Blanche


    Datte: 28/11/2025, Catégories: #revebebe, #psychologie, #philosophie, #société, #érotisme, #sciencefiction, #dystopie, #initiatique, #romantisme, #volupté, #personnages, Auteur: L'artiste, Source: Revebebe

    ... standardisés.
    
    Une voix synthétique lut Mélina. Chaque phrase modelait la surface sous ses doigts : hanches simulées, creux de clavicule, genou arrondi. Les capteurs traduisaient les mots en relief, et Néris ralentissait, comme pour écouter la peau invisible.
    
    — Tu exécutes ou tu caresses ? demanda Sae, près de lui.
    — Je… je sais pas.
    
    Ce n’était déjà plus de l’archéologie.
    
    Sae s’assit face à lui, jambes croisées. Elle fit défiler sur l’écran des extraits soigneusement choisis : Myhrisse pour l’autorité douce, Majaas pour le poids du regard, Radagast pour les apartés désarmants, Maryse pour les gestes qui oublient la technique, Mélina pour les imprévus.
    
    — On va mélanger, dit-elle. Comme un cocktail.
    
    Elle se leva, marcha lentement autour de lui. Les capteurs détectaient sa présence et projetaient des ombres floues sur les murs, comme si la pièce respirait avec eux.
    
    Sa voix, derrière son épaule :
    
    — Tu sais ce que Myhrisse dirait ici ? « Ne bouge pas. »
    
    Elle effleura son cou du bout des doigts. Les inhibiteurs déclenchèrent une pluie de micro-alertes. Elle se déplaça devant lui, s’accroupit.
    
    — Et Majaas ? Majaas te regarderait jusqu’à ce que tu oublies ton prénom.
    
    Sous le bandeau, ses pupilles cherchaient plus de lumière, comme si ses yeux tentaient d’agrandir l’obscurité. Ce n’était pas le désir tel qu’il l’avait lu, mais une traction fine, un fil invisible tendu entre ses côtes.
    
    Puis, d’un ton sec, elle prit l’intonation de Radagast :
    
    — Et ...
    ... moi, je te dis que tu as l’air d’un poisson qui hésite à mordre l’hameçon. Alors ?
    
    Il eut un rire nerveux. Elle put poser ses mains sur ses épaules sans qu’il recule. Poids ferme, intention claire. Elle se pencha, effleura ses lèvres – pas un vrai baiser, plutôt une question.
    
    — Maryse, souffla-t-elle. « Prendre le temps. »
    
    Elle s’écarta, juste assez pour qu’il sente le vide. Il tendit les bras et trouva la chaleur de ses paumes, si banale en théorie, lui donna l’impression de toucher une porte verrouillée depuis des siècles. Il avança. Elle recula. Jeu d’espace. Cette fois, il l’attrapa par le poignet.
    
    La suite fut un patchwork : les mains qui se croisent derrière le dos façon Myhrisse, mais avec un lien improvisé ; le regard qui commande plus que les gestes, comme chez Majaas ; un mot obscène volé à Radagast ; une caresse lente empruntée à Maryse ; un fou rire absurde quand le coussin, coincé entre eux, glissa au sol, digne de Mélina. Ce n’était pas parfait, et c’était justement pour ça que c’était mémorable. Chaque contact avait le goût d’une redécouverte, comme si leur peau avait attendu deux siècles pour se rappeler sa fonction.
    
    Une lumière rouge pulsa : intrusion protocolaire en cours. Quelqu’un – ou quelque chose – essayait d’accéder à la salle blanche. Sae s’immobilisa.
    
    — On coupe ? demanda-t-elle.
    
    Il hésita. Ce moment valait plus que tout. Mais l’alerte clignotait comme un compte à rebours.
    
    — On coupe, dit-il.
    
    Elle désactiva l’interface. Le ...
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