1. L'exécution


    Datte: 24/09/2019, Catégories: nonéro, portrait, historique, Auteur: Pierre Siorac, Source: Revebebe

    Résumé des épisodes précédents :«Waterloo »À Rowan, en Caroline du Nord, un homme affirme avant de mourir qu’il est le maréchal Ney. Réalité ou imposture ? Le maire de la ville confie à Allan Pinkerton, le célèbre détective privé, d’établir la vérité. Pinkerton se penche alors sur les premiers documents relatant la bataille de Waterloo…«L’arrestation »Fouché donne à Ney un passeport pour les États-Unis. Bizarrement, ce dernier décide de ne pas partir tout de suite, et se rend dans le lot… où il se fait arrêter sans opposer de véritable résistance.
    
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    La seconde chemise de documents qui se trouvait sur le bureau d’Allan Pinkerton était presque exclusivement consacrée au procès du maréchal. Nous ne nous y attarderons pas trop dans la mesure où seuls les juristes ou autres professionnels des métiers de la justice y trouveraient un véritable intérêt. Gardons simplement le souvenir qu’un procès n’est finalement qu’une grande scène de théâtre, sur laquelle l’accusation et la défense se livrent un combat sans pitié. Un combat dont le but n’est jamais d’établir la vérité, mais simplement d’anéantir la partie adverse. Or, comme nous allons le découvrir, il n’y avait dans ce procès que deux parties complices l’une de l’autre, l’accusation voulant faire condamner à mort « le Brave des braves », et l’accusé souhaitant recevoir cette condamnation.
    
    Dans un premier temps, le pouvoir parvint à constituer un Conseil de guerre afin de le juger. Sa présidence ...
    ... fut tout d’abord confiée au maréchal Moncey qui se désista. « Juger Ney ? dit-il avec hauteur, mais que l’on me dise donc où étaient ses accusateurs lorsque celui-ci parcourait les champs de batailles ! »
    
    Ce Conseil était composé d’anciens maréchaux, dont certains ne portaient pas le prince de la Moskowa dans leur cœur, mais tous reconnaissaient ses exploits. Il y avait peu de chances pour que Ney soit condamné à mort. On pouvait donc l’affronter avec une relative confiance. Or, Ney refusa d’être jugé par ce Conseil, arguant qu’il était Pair de France, et que par conséquent il devait être jugé par la Chambre des Pairs. Ses défenseurs tentèrent un instant de le dissuader de ce qu’ils jugeaient être une sottise (et d’un certain point de vue, c’est était une) ; ce fut peine perdue.
    
    Le procès eut donc lieu du 21 novembre au 6 décembre 1815, et Michel Ney fut donc condamné à mort, son exécution prévue pour le lendemain…
    
    À la lecture de ces faits, il est évident que deux conclusions pouvaient s’imposer : soit Ney était réellement un fou comme l’avait prétendu Napoléon à Las Cases – mais si tel était le cas, Napoléon lui-même s’accablait : pourquoi donc avait-il confié le commandement de l’armée française à un fou dans une bataille décisive comme celle de Waterloo ? – soit il souhaitait être condamné à mort, assuré qu’il était qu’il s’en sortirait.
    
    Dans le même temps, la femme du maréchal se rendit chez Wellington afin de le supplier d’intervenir auprès du roi en faveur de ...
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