Fratrie "de Wintzt" (7)
Datte: 21/09/2019,
Catégories:
Gay
Auteur: Calinchaud, Source: Xstory
... tendre enfance; ses immenses bras protecteurs me serraient fort contre lui à m’en étouffer. Ce n’était plus le grand frère qui me consolait quand j’étais malheureux, ou quand j’avais fait une bêtise; ni celui dont je sentais les poils naissants de sa barbe qui me piquait quand il déposait un chaste baiser sur ma joue ou sur mon front, mais Mon Homme...
J’avais déjà vu perler quelques larmes au coin de ses yeux, d’émotion, de joie, de contentement, mais jamais un tel torrent ne s’était déversé dans mon cou. Puis, en un éclair, il s’est levé, me tenant toujours fort contre lui et après avoir dardé ses yeux noirs brûlants dans les miens, il m’a redressé.
— Marc, file préparer tes affaires, tous tes bagages...Tous...!!!
— Paul...
— Chéri, je n’aime que toi, je n’ai connu que toi, tu es mon idole...
— Comme tu es la mienne, mon Paul.
— Je le sais...Et depuis des années...Mais jamais je ne pourrais accepter que tu puisses porter atteinte à ton intégrité, quelle que soit la passion que tu me voues, et encore moins avec la complicité de notre père.
— Paul...C’est moi qui l’ai choisi, c’est moi qui le veux, qui le désire plus que tout au monde.
— Je m’en fous...Jamais, on ne te touchera...Je t’emmène loin, loin de la France, de l’Allemagne, de l’Europe, peu importe, mais là ou jamais notre lien de sang ne sera connu.
— Paul...Je veux pas...!!!
— Et vous, Père, vous avez intérêt à me filer un passeport avec une nouvelle identité intraçable pour ...
... Marc.
Pour la première fois, Paul vouvoyait mon Père.
Il était comme fou, pleurant, riant d’un rire sardonique, me prenant dans ses bras et me rejetant brutalement, en murmurant des mots incompréhensibles tellement la colère l’envahissait.
Paradoxalement, son attitude, sa violence, aussi bien dans ses gestes que dans ses propos me montraient cette passion pour moi qui le dévorait. Lui, toujours si calme, si posé, sauf quand il me possédait, refusait, avec brutalité, que l’on puisse, avec des bistouris, toucher à Son Marc.
Il a fallu un bon moment pour que je parvienne à le calmer, mon père assistant, impuissant, à ce fabuleux témoignage d’amour entre ses deux fils. Le dîner était prêt, mais aucun d’entre nous n’avait envie d’y toucher. J’ai saisi la bouteille de Lagavulin, le Whisky préféré de mon père et de mon frère, et je nous ai servi, à tous les trois, un solide verre.
J’ai forcé Paul à s’asseoir dans notre fauteuil, et comme à notre habitude, je me suis installé en travers sur ses genoux, ma tête sur ses épaules, Papa face à nous.
Ma main dans sa chemise, sur son cœur, je sentais, à travers son épaisse toison, que les pulsations battaient moins vite, que peu à peu, il retrouvait sa sérénité après cet immense choc pour lui.
Il a voulu parler, mais je lui ai très vite posé mes doigts sur ses lèvres, avec un bisou sur sa tempe.
— La journée a été rude pour nous tous, Paul, on a besoin de se reposer.
Il s’est levé tel un pantin, ses yeux noirs sur moi; mais ...