À cocu, cocu et demi - Histoires de Sexe

À cocu, cocu et demi

... Non, pas très souvent. Quoique, ces derniers temps, ce soit devenu plus fréquent.
— À ta santé, Nath ! dis-je en levant mon verre.
— Au Superman qui a su si brillamment réparer mon PC.

Nous trinquâmes et nous poursuivîmes notre joyeuse conversation. Notre vieille complicité nous rapprochait et nous nous sentions bien ensemble. Enfin nous passâmes à table où Nathalie nous servit un bœuf bourguignon, congelé « maison » me précisa-t-elle :

— Quand on a des restes, je les congèle… Pour ne rien gaspiller.
— Tu as raison. Carole fait pareil.
— À propos, tu me disais que Carole est en stage ?
— Oui, pour son nouveau boulot dans les assurances. Et comme Paris n’est pas à côté de Lyon, elle ne rentrera que vendredi.
— Donc nous sommes deux célibataires pour toute la semaine, poursuivit Nathalie en levant son verre. Alors, à notre célibat forcé !
— À la tienne.

Nathalie but une gorgée puis reposa son verre, restant soudain silencieuse. Les yeux au plafond, se caressant le menton, elle semblait songeuse. Puis, à brûle-pourpoint, elle finit par me déclarer :

— Ta femme et mon mari absents en même temps… drôle de coïncidence tu ne trouves pas ?
— Que veux-tu dire ?
— Je veux dire que ça m’étonne… Que les coïncidences sont rares, et…
— Allons. Qu’est-ce que tu vas chercher ? dis-je en souriant, rejetant résolument l’idée.

Nathalie fronça les sourcils, comme pour s’aider à mieux réfléchir, puis me demanda :

— Dis-moi, le stage de Carole était prévu depuis ...

... quand ?
— En fait, ça s’est un peu décidé à la dernière minute. Elle ne devait participer qu’au stage du mois de mai, mais une place s’est libérée, alors son patron l’a inscrite au stage d’avril.
— Mais réellement… tu as su quand que Carole partait ?
— Euh… la semaine dernière, pourquoi ?
— Curieux, ajouta Nathalie… vraiment très curieux.
— Pourquoi ? continuai-je, pris d’une soudaine inquiétude.
— Parce que Julien aussi a appris son déplacement la semaine dernière ! Et là, je commence à ne plus croire aux coïncidences !
— Tu penses que Carole et Julien… fis-je atterré, mais niant toujours l’évidence. Oh non, j’ai une entière confiance en Carole et…
— J’aimerais bien afficher la même confiance en Julien, mais… je le sais assez coureur de jupons… et bien que je n’aie jamais eu la preuve qu’il m’a trompée, je ne suis pas naïve. Ça pourrait arriver… D’ailleurs, quand j’y pense, je me souviens qu’il a eu l’air un peu gêné quand il m’a annoncé son déplacement. Ça ne m’avait pas frappé sur le coup, mais…
— Non, tu plaisantes, essayai-je encore de me convaincre. Mais en fait, j’étais de plus en plus inquiet.
— Eh bien, mon cher Antoine, j’ai bien peur que nous soyons cocus tous les deux ! conclut-elle dans un soupir.
— J’n’arrive pas à y croire. Ma Carole infidèle ? Ça me paraît tellement incroyable !

C’est un peu comme si le ciel m’était tout à coup tombé sur la tête. Tout cela me semblait si improbable, impossible même.

— Mais dis-moi, Nath, avais-tu déjà des doutes ...