L'augure
Datte: 08/09/2019,
Catégories:
fh,
copains,
grosseins,
caférestau,
fête,
toilettes,
vengeance,
dispute,
Oral
init,
portrait,
Auteur: Le père Hamptoire, Source: Revebebe
... c’est le signe que j’attendais, je choisis l’autre…
— Celui-là !
Sophie ne dit rien, plisse un peu les yeux en les levant vers moi. Qu’est-ce qui fait briller son regard ? La colère ou l’amusement ? D’une chiquenaude elle envoie balader le gobelet :
— Enfoiré !
Cette fois, c’est moi qui me saisis du M&M’s et qui le croque.
— On dirait que j’ai gagné !
— Comment t’as fait ?
— J’ai écarté la logique, j’ai tourné le dos à l’amour. Bref, j’ai choisi celui dont je ne voulais pas.
— Je vois…
Elle se lève aussi sec :
— Allez, viens chercher ton prix, tu l’as mérité !
Soudain paniqué, je suis sur le point de dire que le M&M’s me suffit et que la plaisanterie a assez duré.
— Sophie, t’es pas obligée, tu sais…
Elle ne répond rien, elle est là, elle attend, main tendue, que je mette la mienne dans la sienne. Je sens tous les regards fixés sur moi… Nom d’un chien qu’est-ce que j’aimerais être ailleurs ! Mais qu’est-ce qui m’oblige aussi ? Je croise le regard moqueur de Charlène. Rien d’étonnant ! Pauline, elle, regarde au plafond, caressant un bouc imaginaire… Je m’en vais foutre le camp et abandonner ce petit monde de merde à son triste sort…
Au moment où j’allais me tourner pour fuir, je rencontre le mal-être de Justine, avec ses yeux baissés. Comme elle aimerait être ailleurs, elle aussi ! Et Domi ? Il me regarde d’un air exaspéré. Que se passe-t-il donc ? Quand je me tourne vers Sophie, il y a dans son regard un appel tellement misérable… Et je ...
... comprends.
Quel imbécile ! Une fille qui donne tout par défi, pour une fois au moins limer les dents aux deux vedettes, et le mec qu’elle choisit justement pour son hostilité à leur encontre se dégonfle et se barre pour se terrer, une fois de plus, à l’abri de sa solitude. Et elle reste là avec sa bravade, son corps potentiellement offert et sa main tendue… La pire humiliation qui soit… Un soupçon de machisme suffira-t-il à effacer mes si peu viriles tergiversations ?
— Bon, si tu y tiens tant que ça ma jolie, je vais pas laisser passer une pareille occase !
Le temps que je tourne autour de la table, elle saisit ma main et m’entraîne vers les toilettes avec la même démarche que Pauline tout à l’heure. On entre chez les hommes ; les lavabos en entrant, les urinoirs à gauche, quatre cabines à droite, c’est très propre, le sol encore un peu humide, le nettoyage vient de donner un coup de frais. On a une sacrée chance.
— Ce sera moins fréquenté chez toi, les bonnes femmes passent leur temps à venir se refaire une beauté.
— Comme tu veux Sophie, mais qu’est-ce qu’on va faire ?
— D’après toi, andouille ? Par ta faute j’ai failli disparaître de honte sous terre ! Ça suffit maintenant, hein ! T’es un homme ou t’es une chiffe molle ?
Elle ouvre la cabine du fond :
— Ça va elle est nickel. Viens !
Et elle referme la porte sur nous.
— Sophie, on n’a qu’à faire comme si… Je suis horriblement mal à l’aise. Et puis ici, dans les WC…
— Oh ça va, hein ! Fais pas ta ...