1. L'augure


    Datte: 08/09/2019, Catégories: fh, copains, grosseins, caférestau, fête, toilettes, vengeance, dispute, Oral init, portrait, Auteur: Le père Hamptoire, Source: Revebebe

    ... pique revient à côté.
    
    — Mets-en trois directement sur toi.
    
    Plus morte que vive, la pauvre Pauline sort un neuf de cœur, un neuf de pique et un sept de carreau. Nos regards se croisent, elle est verte et dans l’angoisse, ses yeux se sont comme étrécis. Elle me lâche :
    
    — Rien qu’à voir ta tête, c’est pas bon.
    — Pauline, c’est qu’un jeu, ce ne sont que des cartes…
    — Et c’est toi qui dis ça ?
    — Bon, faut reconnaître que c’est pas terrible. Écoute, pour changer un peu, je te suggère de couvrir tes projets à long terme.
    
    C’est que, voyez-vous, j’ai un doute que j’aimerais vérifier. On remet la dame de trèfle, Pauline couvre. Ce qui sort en premier, c’est la mort sur un amour trahi ; au deuxième tour il y a de quoi éveiller mes soupçons, au troisième, de quoi les confirmer, le tout à associé à une démarche pleine de carreaux. Ça va drôlement discuter ! Et sur ce sept de pique… ça va même sérieusement s’engueuler ! Il y a du conflit dans l’air chez elles, et du lourd ! Mais qu’est-ce que je peux bien lui dire ?
    
    — Alors ? Tu causes plus ?
    
    Je soupire et la regarde. Grands dieux, qu’est-ce que j’ai fait ?
    
    — D’après les cartes, ton histoire ne va pas aller bien loin. Mais tu sais comment je vois les choses ?
    
    Je lui fais un petit sourire convaincu.
    
    — Ne prends surtout pas ça au sérieux, c’était juste un défi. Vous serez encore ensemble dans 30 ans et tu penseras que mes pauvres cartes annonçaient un tas d’âneries.
    — Si ça pouvait être vrai ! Si ça pouvait ...
    ... être vrai… Rien d’autre ?
    
    J’ose ? J’ose pas ? Bon, j’ose, mais je ne peux pas lui sortir ça devant tout le monde. Je lui fais signe d’approcher et lui murmure quelques mots à l’oreille. Cette fois elle se redresse vivement, se lève en faisant tomber sa chaise en arrière, les yeux en larmes, mais ce sont des larmes de colère. Pauline est dans une rage folle.
    
    — C’est pas possible à la fin ! Il faut que quelqu’un t’ait renseigné ! Qui c’est ? Qui t’a permis d’entrer dans ma vie ?
    
    Et vous savez quoi ? Elle m’envoie une gifle magistrale. Comme je ne m’y attendais pas du tout, je la morfle en plein et j’aime autant vous dire que ça claque méchamment. Ensuite elle se tourne vers sa sœur, l’index accusateur :
    
    — C’est forcément toi ! Y a que toi qui saches tout de moi. Mais qu’est-ce que t’es allée raconter mes affaires à cette enflure ?
    — Mais… Pauline… J’ai jamais parlé de rien ! À personne ! Encore moins à lui !
    — J’ai compris maintenant ! Pour les cartes vous étiez d’accord depuis le début ! Sale garce ! Qu’est-ce que je t’ai fait pour que tu…
    
    Et la voilà qui, sans achever, se tourne et se barre à grands pas furibonds.
    
    — Pauline ! Attends-moi ! Pauline…
    
    Charlène sort de table, lui court après, revient avec ses gros seins en bataille qui n’ont plus rien d’érotique. Elle fouille dans son sac, jette 50 euros sur la table et, sans nous dire un mot, trotte sur ses escarpins – « clip-clop ! clip-clop ! » – à la poursuite de sa sœur : « Mais Pauliiiine… » tandis que ...