1. Depuis la veille


    Datte: 01/09/2019, Catégories: fh, fplusag, froid, hotel, amour, fsodo, exercice, Auteur: Séraphin, Source: Revebebe

    ... froid de canard.
    
    Quand elle le rejoint au bar de la cafétéria, il discute avec deux gendarmes de la brigade autoroutière. Elle se rend compte qu’elle le voit réellement pour la première fois. Très brun, cheveux courts, barbe naissante. Visage fin, larges épaules, taille élancée. Joli garçon ! Il plairait à ses filles… Quand elle leur racontera son voyage, elles vont la charrier, c’est sûr…
    
    — Ces messieurs nous conseillent de quitter l’autoroute. Elle sera fermée d’ici deux heures de toute façon
    — Personne ne répond à Tours. Je pense que nous allons continuer le plus loin possible. Nous verrons bien…
    
    Quand ils reprennent la route, la chaussée est entièrement blanche. Les voitures circulent à faible allure, enveloppées par des tourbillons de neige.
    
    — Il est 22 heures, je suis fatiguée, j’ai faim. Prochaine sortie, je quitte l’autoroute et nous prenons deux chambres d’hôtel. Qu’en pensez-vous ? Je vous offre la chambre…
    — Si vous le voyez comme ça, je suis d’accord.
    
    La sortie suivante indique WWWW. Béatrice s’y engage prudemment, la neige fraîche crisse sous les pneus. Au péage, l’employé leur confirme la présence d’un hôtel à WWWW, ajoutant simplement qu’ils ne sont pas les premiers à poser cette question.
    
    Quand ils arrivent devant l’hôtel, le parking est presque complet. C’est un bâtiment ancien, vieillot, genre chaumière, avec restaurant et salle de mariage. Ils attendent dans le hall. Le personnel semble visiblement dépassé par cet afflux inattendu. ...
    ... Béatrice en profite pour passer un SMS à sa famille. Une employée se présente enfin, intriguée par ce couple incongru.
    
    — Il ne nous reste qu’une chambre double. À cause de la neige et d’une soirée de mariage, tout est complet. Si vous aimez la vie en collectivité, la mairie a réquisitionné le gymnase du collège et y installe des lits de camp…
    — Nous prenons la chambre. Nous saurons bien cohabiter pour une nuit, n’est-ce pas, Éric ? Nous désirons également dîner.
    
    Éric la regarde, surpris. Sans mot dire, il monte les bagages. La chambre est étroite, démodée, la tapisserie est fanée. Il la laisse seule faire un brin de toilette.
    
    Le restaurant est comble. Ils dînent face à face, dans le brouhaha. Une certaine gêne s’est instaurée. Chacun pense à ce qui les attend. Béatrice regrette sa décision, l’ambiguïté qu’elle sous-entend. Elle ne pensait pas à mal et voudrait clarifier la situation mais les mots lui manquent pour exprimer son sentiment.
    
    De la musique s’échappe de la salle de réception voisine. Éric dresse l’oreille :
    
    — Voulez-vous danser ?
    
    Il est déjà debout. Elle voudrait refuser, protester qu’elle est fatiguée, qu’elle n’a pas la tenue adéquate, mais elle n’en a pas le courage.
    
    La salle est assez grande. Des couples de tous âges tournent et virent au son d’une valse, «mon amant de Saint-Jean ». Il l’enlace et l’entraîne. C’est effectivement un bon danseur. Un peu tendue au début, Béatrice se laisse aller, leurs pas s’accordent mieux. La fatigue aide à ...
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