Depuis la veille
Datte: 01/09/2019,
Catégories:
fh,
fplusag,
froid,
hotel,
amour,
fsodo,
exercice,
Auteur: Séraphin, Source: Revebebe
... l’appareil.
— Où êtes-vous ? Je suis mal garée, je ne peux pas attendre !
— Je vous vois, j’arrive tout de suite…
Un jeune homme en jean et gabardine bleu marine, capuche sur la tête et sac au dos s’avance vers elle. Béatrice sort de la voiture, patauge pour lui ouvrir le coffre, furieuse de ne pas l’avoir aperçu et de s’être emportée au téléphone.
Ils prennent place dans l’habitacle douillet. Leurs manteaux sont constellés de petits cristaux blancs.
— Le voyage va être difficile, ils annoncent beaucoup de neige…
— Désolée pour mon accueil mais je ne vous avais pas vu, je pensais que vous me faisiez faux-bond. Oui, j’espère qu’elle ne tiendra pas avant un bon moment, la route est détrempée…
— Voulez-vous que je règle ma participation maintenant ? Quinze euros, c’est bien ça ?
Sa voix est agréable, posée. La conversation, ponctuée de temps morts, est lente à démarrer. Éric, visiblement peu bavard répond poliment aux questions, mais sans relancer les débats. Elle apprend tout de même qu’il a vingt-quatre ans, qu’il termine son tour de France comme compagnon charpentier à YYYYY après une longue étape à Paris. Il joue au rugby, aime le cinéma et… la dance. Non, pas la classique. La dance de bal, de salon plutôt. Sa mère, passionnée, lui a transmis le virus. Il a même un temps participé à des compétitions. Béatrice s’étonne : rugby et dance sont-ils réellement compatibles chez un même individu ? Un court instant, Béatrice pense qu’il est peut-être gay.
— Moi ...
... aussi, j’aimais danser. C’est mon père qui m’a appris les rudiments, lors des mariages et des fêtes familiales. Paul, mon mari, n’est malheureusement pas un grand danseur. Les occasions sont plutôt rares ces derniers temps. Plus de mariages, les discothèques, c’est du passé, il reste les vacances, parfois…
La neige tombe maintenant à gros flocons. Elle forme sur la chaussée une fine couche grisâtre, spongieuse, striée de traces de roues. Déjà les bas-côtés blanchissent. On ne voit plus guère au-delà d’une vingtaine de mètres. La route réclame une attention soutenue et la conversation s’arrête progressivement. On n’entend plus que le ronronnement du moteur et le bruit saccadé des essuie-glaces. Éric somnole, sa tête coincée contre la vitre. Finalement, c’est plutôt agréable de rouler seule dans la nuit avec un jeune inconnu endormi, plutôt excitant…
Le téléphone sonne. Elle lui tend l’appareil.
— Vous pouvez répondre ? C’est sans doute ma famille qui s’inquiète.
— Bonsoir Monsieur, oui, je suis le covoituré. Oui, nous sommes sur l’autoroute. Pour le moment, ça circule encore. Ah bon ?… Oui, je lui en fais part… Merci, à vous aussi… Votre mari vous recommande la plus grande prudence et vous conseille de vous arrêter à Tours chez votre cousine. Il y a déjà près de dix centimètres chez vous.
Béatrice s’engage sur l’aire de repos suivante. Elle a besoin d’aller aux toilettes et souhaite téléphoner à sa cousine. Éric sort également pour prendre un café. Dehors, il fait un ...