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Une rencontre improbable
Datte: 29/08/2019, Catégories: fh, jeunes, complexe, campagne, amour, nopéné, nonéro, contes, Auteur: Diablocor, Source: Revebebe
... sifflotant, l’esprit tout à l’offre du berger. Tellement qu’il ne se rendit même pas compte que le soleil commençait à descendre à l’horizon. Il était temps de rentrer se dit-il. Mais cette fois, il irait juste embrasser sa mère se prit-il à penser. Il n’avait plus besoin de ce réconfort qu’elle lui apportait depuis sa plus tendre enfance. Il se sentait pousser des ailes intérieurement. Il était un homme à présent, avec d’ici demain, un troupeau à mener. Après un repas autour de la lourde table en bois familiale, couverte de rayures du canif du père, où railleries fraternelles ne l’effleuraient plus comme par magie, il s’en alla se coucher, la tête remplie d’étoiles. Il n’avait subitement plus quinze ans. — ooOoo— Il se réveilla très tôt à nouveau, tout à la hâte qu’il avait de rejoindre son nouvel ami, et tout à la joie de lui donner sa réponse. Il reprit quelques pains, les fourra dans le fond de sa poche et prit la route. Il trouva le vieux berger exactement où il l’avait laissé la veille. Même position, même pipe au bec, le regard vague et tranquille, aspiré par la vue de son paisible troupeau. À la perception du bruit de l’herbe foulée, il leva les yeux et vit Loïc. Il se targua d’un large sourire. — Bonjour mon garçon, alors… La nuit fut-elle porteuse de bons conseils ? — Oui, Monsieur, j’accepte ! dit-il avec, lui aussi, un large sourire qui découvrait des dents magnifiques qui clinquèrent au soleil. — Affaire conclue mon brave, dit le berger avec ...
... soulagement. Tu es à présent l’heureux propriétaire et maître de ce beau troupeau que j’ai constitué toute ma vie durant. Je t’en fais cadeau, je sais que tu en prendras grand soin, j’ai pleine confiance en toi. Ainsi Loïc se retrouva, à quinze ans, l’heureux père de pas moins de 300 moutons et brebis, un superbe cheptel qu’il avait devoir de mener à bien. Sa fierté dépassait de loin ce à quoi il avait aspiré. Il s’en occupa jour après jour, semaine après semaine, mois après mois, année après année, se promenant à côté de ses bêtes, sans relâche, les guidant, les trayant, les cajolant, les regroupant, les sifflant, et tout cela naturellement avec l’aide de Roxy, le chien de berger que son ami lui avait légué avec le troupeau. Une aide d’une importance sans commune mesure avec celle qu’un homme prodiguerait. Pas de jugement, pas de mesquinerie, pas d’amitié intéressée, juste une aide pleine de reconnaissance, tout dévoué qu’il était à son nouveau maître. Lui qui n’avait jamais eu d’amis avait trouvé en Roxy, un compagnon, un confident de tous les instants, infaillible, toujours à l’écoute, et qui parfois lui répondait d’un lapement sur le visage, ce visage qui l’avait tellement tourmenté sa vie antérieure. Ils entretenaient de fameux tête-à-tête où Roxy avait des fois son mot à dire et qui se concrétisaient par des grands aboiements presque empreints d’humanité. Une amitié hors du commun les reliait, indestructible, magique. Quand le troupeau paissait, il leur arrivait de ...