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Une rencontre improbable
Datte: 29/08/2019, Catégories: fh, jeunes, complexe, campagne, amour, nopéné, nonéro, contes, Auteur: Diablocor, Source: Revebebe
Loïc n’était pas homme à planifier son existence. Il vivait au gré du vent, du bruissement des feuilles, des clapotis de la rivière déferlante, du chant des oiseaux, des rayons ardents d’un soleil parfois trop chaud et du doux bêlement de ses moutons. Un beau troupeau comptant 300 têtes dont il était très fier. C’était un homme simple, un homme qui aimait de façon inconditionnelle la vie au grand air, entouré de ses bêtes et de son fidèle Roxy, chien de berger, sans qui il ne serait rien. Il ne se sentait bien et lui-même qu’à leur contact. — ooOoo— La vie ne l’avait pas épargné. Il était le dernier d’une fratrie de sept garçons, tous si beaux que leurs parents s’accordaient à dire que c’étaient les sept merveilles du monde. Loïc aimait ses frères d’un amour total et sans faille. Mais la réciproque n’était pas exacte. Étant le dernier fils de cette grande famille, sa mère avait, en son temps, reporté toute son attention sur ce fils chéri, qui n’était pas, à proprement parler, d’une beauté à couper le souffle. Non. Loin de là. Toute son enfance, il avait dû lutter contre les ricanements de ses frères et des enfants du voisinage. Il était alors maigre, trop grand pour son âge, un grand échalas comme disaient en chœur ses grands frères en riant à pleines dents. Il avait des yeux qui lui mangeaient le visage, sous de fins sourcils blonds-roux qui les faisaient, de ce fait, paraître encore plus grands. Un nez long et fin, presque osseux, lui scindait la face en deux ...
... parties quasi identiques. Seule une légère, voire imperceptible déviation de la cloison nasale faisait apparaître le côté gauche un peu plus large, amplifié d’ailleurs par une pommette saillante. Des lèvres fines recouvrant des dents d’une blancheur immaculée et parfaitement alignées finissaient ce portrait. Certes ce n’était pas un monstre, mais cela suffisait à le distancer des autres enfants de son âge. Il se sentait différent. Introverti. Si délaissé que parfois une montée de tristesse l’envahissait. Il attendait, souvent des heures durant, prostré dans un coin, que le temps passe, qu’enfin le soleil se couche, pour que sa différence soit moins apparente. Il souffrait. Il ne trouvait refuge qu’auprès de sa mère qui l’entourait de tout son amour et compensait son mal-être par de longs dialogues empreints de tendresse. Elle lui parlait doucement, il l’écoutait, sa tête lovée au creux de son épaule. Sa vie s’écoulait ainsi, entre moments de solitude intense mêlée de chuchotements et rires enfantins à son encontre, et tendresse maternelle réconfortante. — ooOoo— Le soleil brillait ce matin-là et personne encore n’était levé. Loïc prit un rapide petit déjeuner, mit quelques morceaux de pain dans la poche de son pantalon trop grand et partit en balade. Il avait un grand besoin de respirer l’air frais et il pensa que la communion avec la nature de si bon matin le revigorerait. Il marcha à travers champs, croisa lapins et perdrix, courut même après, histoire de se dégourdir ...