1. Les mains d'Estelle


    Datte: 25/08/2019, Catégories: ff, fbi, jeunes, init, ecriv_f, Auteur: Luna, Source: Revebebe

    ... d’une amie vivant à l’autre bout du pays, et que je voyais comme pour la première fois, si belle… Et le souvenir de cette nuit où nous avions partagé le même lit, en toute innocence. Et les possibilités qui me venaient à l’esprit, ce qu’aurait pu devenir cette nuit. Je me demande souvent comment je vais réagir la prochaine fois que nous nous verrons…
    
    Puis vint Estelle. Comme pour Isabelle, notre rencontre se fit à l’université, mais nous restâmes assez distantes jusqu’à ce que nous ayons l’occasion de discuter, dans un bus cette fois (décidément, les transports en commun me réussissent). La ressemblance entre les deux jeunes femmes s’arrêtait cependant là, à l’exception de leurs regards noirs et perçants que j’ai toujours sentis tous deux capables de lire bien plus en moi que ce que je peux montrer. Si nous avions fini, Isabelle et moi, par rester dans une relation certes très forte, mais strictement amicale, Estelle me fit tout de suite de l’effet à un niveau bien différent. Elle fut parmi les premières de notre classe à devoir faire une présentation, dès le tout début de l’année (avec ma toute nouvelle confiance en moi, je reprenais ma licence avec plus de sérieux), avant que nous ne fassions vraiment connaissance. J’étais assise au deuxième rang, assez cachée pour ne pas me sentir trop gênée, mais assez proche pour bien la voir. Oubliant ce qu’elle racontait (qui était pourtant apparemment très intéressant), je ne pus m’empêcher de me plonger dans la contemplation de ...
    ... ces yeux rieurs, de ces longs cheveux, dont elle ramenait souvent vers l’arrière une mèche qui persistait à vouloir lui tomber dans le visage, de ces mains qui s’agitaient, virevoltaient, qui accompagnaient ses mots comme pour les pousser dans les airs, pour qu’ils s’envolent au loin.
    
    Je crois que ce sont ses mains qui déclenchèrent tout. C’est souvent le cas chez moi. Je les imaginais, se posant sur une table en bois près d’une tasse de café tandis que le silence s’installait entre nous et que les miennes venaient les effleurer, comme par instinct, sans que mes yeux ne se détachent des grands lacs d’encre dans lesquels ils avaient plongé. Je les imaginais s’affairant sur une serrure, puis une poignée de porte, alors que les miennes, plus pressantes, glissaient le long d’un dos, puis sur des hanches aux courbes gracieuses et que ma langue glissait d’une nuque au lobe d’une oreille. Je les imaginais se glissant lentement sous le tissu de mon jean dans une étreinte qui se prolongeait, alors que les miennes se glissaient sous un débardeur de couleur vive. Je les imaginais enfin, parcourant mon corps dans des caresses délicieuses, ou guidant les miennes, encore hésitantes, dans des endroits que j’explorais ensuite avec l’ardeur de la passion, avide de lui rendre les plaisirs nouveaux qu’elle me donnait. Jamais cours ne m’avait paru durer si peu de temps et, par la suite, la présence de la belle me rappela systématiquement ce moment et les rêveries qui l’avaient accompagné. Je me ...