Les mains d'Estelle
Datte: 25/08/2019,
Catégories:
ff,
fbi,
jeunes,
init,
ecriv_f,
Auteur: Luna, Source: Revebebe
... intimes, et nous discutions ouvertement de tout. Or, elle ne s’était jamais cachée d’aimer les femmes aussi bien que les hommes. Bien sûr, ce n’était pas la première de mes amies à ne pas être insensible aux charmes de notre sexe. Mais, à la différence de mes autres connaissances bi ou lesbiennes, elle me parlait de ses expériences. Il ne s’agissait pas de descriptions crues, ou même un tant soit peu imagées, mais plutôt d’allusions à une sensualité que je ne connaissais absolument pas. Et ce que je devinais à travers ses mots, ces non-dits que mon imagination, bien qu’hésitante et inexpérimentée, tentait de combler, m’attiraient plus que je ne l’aurais pensé.
Jusqu’alors je n’avais jamais envisagé la possibilité d’avoir une relation avec une autre femme. À vrai dire, jusqu’alors je n’avais pas énormément envisagé d’avoir de relations tout court. Non pas que j’aie eu un quelconque problème avec l’homosexualité, qu’elle concerne les autres ou moi-même, c’était juste une chose à laquelle je n’avais jamais réfléchi. Mais là l’idée commençait à s’imposer à moi, et en discutant avec Isabelle, alors qu’elle me questionnait sur mes propres (et maigres) expériences, je réalisais que j’avais déjà été attirée par des femmes auparavant, sans pour autant m’en rendre vraiment compte de façon consciente.
Cet attrait pour des expériences nouvelles, qui allait de pair avec un développement de ma personnalité, m’intriguait au plus au point, et me semblait de plus en plus tentant. Mais ...
... je ne pouvais pas cependant m’empêcher de me poser des questions, de me demander s’il s’agissait bien là d’un penchant qui m’était propre, ou plutôt d’une volonté de suivre l’exemple de celle qui me servait de guide depuis quelques mois à présent, et que j’admirais beaucoup. Plus j’y réfléchissais, moins j’arrivais à me décider, et moins j’arrivais à me décider, moins je me sentais « autorisée » à éprouver les sentiments qui se développaient en moi, de peur qu’ils ne soient, en fin de compte, pas vraiment justifiés. J’avais peut-être plus confiance en moi, mais je restais toujours prédisposée à me poser des questions existentielles.
Je n’en parlais pas à Isabelle. Je savais très bien qu’elle m’aurait dit de ne pas me prendre la tête avec ce genre de choses, et de tout simplement écouter mes sentiments. Et elle m’avait déjà donné son avis me concernant : elle me voyait très bien avoir des expériences lesbiennes, peut-être même sur du long terme, mais elle me voyait aussi définitivement finir ma vie plutôt avec un homme et fonder une famille. Cet avis, même s’il venait de la seule personne capable de lire en moi comme dans un livre ouvert, n’arrivait pas à me rassurer sur le bien-fondé de mes attirances nouvelles.
Car ces attirances étaient là, je ne pouvais pas les nier. Une fille dans le métro, ses cheveux courts en bataille qui lui tombaient sur le visage n’arrivant pas à cacher ses traits à la fois fins et marqués, qui attiraient inexorablement mon regard… Une photo ...