1. J'ai deux amouurrs...


    Datte: 17/08/2019, Catégories: fh, asie, nopéné, exercice, Auteur: Nono, Source: Revebebe

    ... figée sur papier ressemblait à s’y méprendre à celle que je convoitais. Ajoutez quelques signes de calligraphie asiatique dont même les arabesques éveillent en moi des ondes de sensualité, le tout sur fond de Fuji-Yama, tout concourait à me faire perdre les sens, voire à en consumer pour elle.
    
    Sur cette icône de papier glacé, j’en arriverais presque à trouver déshonorantes les coupes dorées, en forme de bol, qui trônaient auprès d’elle, comme pour prouver le palmarès de cette reine de beauté. La "mienne" n’a pas besoin de ces trophées, elle est plus que belle, c’est un tempérament, c’est… pfiouu ! Les mots me manquent !
    
    Craignant un peu les moqueries de Francis, je n’avais pas osé lui parler de mon coup de foudre, ni même accrocher au mur la représentation presque à l’identique de ma folie.
    
    Pourtant, ce poster a sans doute suffi à Francis pour comprendre.
    
    Les magazines, avec photo en page centrale, j’avais réussi à les soustraire à sa vue. Mais pas le poster. Le lendemain de mon achat, le poster enroulé avait bougé de place.
    
    Je le parierais, Francis l’a déroulé, il a compris et l’a replacé. Pourtant, je le croyais à l’abri, derrière la bibliothèque où je le cachais. Francis ne vient que très rarement dans mon bureau et il ne s’éternise jamais devant mes livres ou mes dossiers.
    
    Alors, cette trace de cambouis, au dos du poster, je n’ai pas de doute sur sa provenance.
    
    Ah, il a dû tomber des nues, lui, le beau gosse, le rouleur de mécaniques !
    
    Et ...
    ... bander !
    
    Lui qui traîne une dégaine à la Brando dans "L’équipée sauvage", il a dû surtout gamberger, se demander si j’allais rouler dans son pré carré !
    
    Le plus surprenant, c’est que plutôt que mettre les pieds dans le plat, voilà qu’il la jouait fine, le Francis. Pas un mot ! Et, insensiblement, j’ai même senti qu’il me regardait différemment.
    
    Oh, des petits riens ! Mais quand même… Lui qui avait toujours été le maître, et moi l’élève, voilà qu’il montrait depuis quelques jours un visage presque bienveillant. Sa façon de me donner des conseils avec une suffisance un peu macho sur la manière de prendre son pied, de "les faire rugir", comme il disait, faisait place depuis peu à une attitude d’égal à égal qui était nouvelle chez lui.
    
    Peut-être que ce que je lui laissais découvrir de moi, plus ou moins volontairement, agissait sur son comportement mieux que tout ce que j’aurais pu lui demander.
    
    Mais pourquoi ne disait-il rien, lui aussi ? Qu’attendait-il ? Que j’en parle ?
    
    En fait, je crois qu’il cogitait. Tempête sous son crâne. Pour lui, je n’étais sans doute plus la même personne depuis qu’il avait découvert cette simple reproduction qui me troublait au plus haut point.
    
    Est-ce que mon attitude le désarçonnait, l’inquiétait ? Ou tout simplement me considérait-il enfin capable de jouer dans la même cour que lui ? Cette hypothèse semblait la plus plausible et cela me combla d’aise.
    
    Au pied de la maison, aucun de nous ne pipait mot. Tandis que ces pensées se ...
«12...567...»