1. 55.2 Des grains de sable et des pas de crabe (version HDS).


    Datte: 15/08/2019, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Fab75du31, Source: Hds

    ... lendemain de cette fameuse nuit, j’avais pressenti que quelque chose tracassait le bomécano au sujet de son pote ; qu’il y avait des non-dits dans son discours ; qu’il n’était pas aussi bien dans ses baskets que son discours semblait l’affirmer ; que, derrière son désir de nous voir, Jérém et moi, heureux, ensemble, le bomécano s’oubliait, lui, une fois encore.
    
    Cependant, trop absorbé par ce qui se passait avec Jérém, hier après-midi encore, j’ai été voir Thibault plus pour discuter de son pote que pour avoir de ses nouvelles. En fait, je ne lui ai pas du tout demandé de ses nouvelles. J’avais trop besoin de m’abandonner, de me sentir enveloppé et rassuré par sa bienveillance ; une fois encore, je n’ai pas été déçu. Ainsi, j’ai trop vite oublié mes doutes, mes craintes. J’ai oublié de m’intéresser à ce que le bomécano ressentait vraiment.
    
    Non, je ne savais pas ce qui tracassait réellement l’adorable Thibault en ce mois d’aout 2001. Il y a une raison à cela : en fait, si le bomécano était à la fois de confident de Jérém et le mien, ni Jérém ni moi n’étions le sien.
    
    Ce que je ne savais pas non plus à cet instant précis, c’est que – sans doute par pudeur, par désir de ne pas m’inquiéter, ou tout simplement par besoin d’oublier – le bomécano avait omis de me parler de la partie la plus houleuse de la discussion avec son pote.
    
    Mardi 07 août 2001, 1h55.
    
    Lorsque Jérémie rentre du taf, après avoir traversé la chaude nuit toulousaine, la chemise complètement ouverte, ...
    ... la cravate défaite pendouillant de chaque côté de son cou, un bout de joint entre les doigts, Thibault est toujours debout. Il est très tard, mais son pote l’a attendu pour fêter la bonne nouvelle tombée dans l’après-midi.
    
    Dès qu’il franchit la porte, il le prend dans ses bras et le serre très fort contre lui, tout en lui lançant :
    
    « Si tu savais comment je suis content pour toi… ».
    
    « Il fallait pas m’attendre… » fait Jérém, la voix basse et lente, en écrasant le bout du joint entre ses doigts.
    
    « Il fallait bien fêter ça… » répond le bomécano en lui tendant une bière, simple geste de partage ; même si, d’après l’haleine alcoolisée de son pote, Thibault devine que son Jéjé a déjà bu plus que son dû.
    
    « J’étais fou depuis que j’ai reçu ton sms… » enchaîne le bomécano.
    
    « C’est gentil, mais ça pouvait attendre… tu te lèves tôt demain… ».
    
    « On s’en tape de ça… » fait Thibault, tout excité « alors, qu’est-ce qu’il t’a dit exactement l’entraîneur au téléphone ? ».
    
    « Il faut que je le rappelle demain matin… je venais de reprendre le taf, et je n’ai pas tout compris… apparemment, un type m’a vu jouer plusieurs matchs cette année et il en a parlé aux dirigeants du Racing… ils veulent me rencontrer vers le 20 de ce mois-ci… ».
    
    « Ah, putain, j’en étais sûr… ça devait arriver, c’était obligé… tu es un vrai artiste du ballon ovale et il fallait que quelqu’un s’en rende compte tôt ou tard… ».
    
    « Doucement… ils veulent d’abord me faire passer des tests… ».
    
    « ...
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