1. Robe noire, chaussures rouges


    Datte: 09/03/2018, Catégories: fh, inconnu, caférestau, Oral pénétratio, coupfoudr, occasion, Auteur: Petit bouquet, Source: Revebebe

    ... pensais que…
    
    C’est la femme à la robe-noire-chaussures-rouges ! Elle me gratifie d’un sourire.
    
    — Isabelle, me dit-elle en me tendant la main.
    — Enchanté, Isabelle. Oscar.
    
    Devant sa tête hilare, je m’empresse d’ajouter :
    
    — Oui, je sais, c’est un prénom complètement ridicule. Ma mère est fan d’Oscar Wilde.
    — Mais je n’ai rien dit !
    — Mais oui, c’est ça ! dis-je d’un ton goguenard… Tout le monde a ce genre de réaction.
    — Asseyez-vous à côté de moi.
    
    Je m’installe et elle attaque, franco :
    
    — Que nous valait cette agitation ce matin ?
    — Ha ? Oui… Vous m’avez vu.
    
    Je ne connais pas cette Isabelle, mais je me sens en confiance, je peux me permettre de m’abandonner.
    
    — Pour faire court… il y a quelques années, j’en ai eu marre de travailler pour un patron, un gros connard, il faut le dire. Avec un collègue, nous avons décidé de monter notre propre structure. Au début, ça a bien marché. Nous avons engagé rapidement une quinzaine de personnes.
    
    Tandis que je parle, je me rends compte qu’elle m’écoute. Je veux dire qu’elle m’écoute vraiment. Toute son attention est portée sur moi. Rien d’autre ne semble exister autour d’elle. Rien, mis à part moi. Je continue :
    
    — La crise aidant, les clients ont voulu faire des économies et nous n’avons pas pu renouveler certains contrats. Philippe, mon associé, et moi-même n’avons jamais voulu licencier du personnel. Nous avons tous les deux revu notre salaire à la baisse. Le rendez-vous de ce matin, c’est un peu notre « ...
    ... dernière chance » d’échapper à la noyade. Mais Philippe m’a rassuré au téléphone. Il a signé le contrat hier soir.
    — Et vous ne vivez que pour votre boulot, c’est ça ?
    — Heu… Oui, dis-je tel un gamin pris en faute.
    
    Je ne sais pas comment cela se fait, mais je me sens avec elle comme avec une amie de longue date. Une confidente. Je n’ai pas peur de lui dire ce que je pense alors que, d’habitude, je suis plutôt introverti.
    
    — Et côté cœur ? Qu’est-ce que cela donne ?
    
    Je suis ébahi. Avec quelle rapidité – et quelle facilité ! – elle a mis le doigt là où ça fait mal ! Je ne sais pas trop de quelle manière répondre à cette question. Il y a un vide complet. Je me suis entièrement consacré à ma petite entreprise ces derniers temps, et je ne me suis absolument pas occupé de moi.
    
    — Trop de travail ? Pas le temps de se poser, n’est-ce pas ? demande-t-elle encore.
    — Comment savez-vous cela ?
    
    Isabelle se lève, brusquement, et me tend la main. Curieuse impression de froid tout-à-coup.
    
    — Au revoir, Oscar, me dit-elle. Prenez un peu de bon temps. Allez dans un parc et marchez pieds nus sur le gazon.
    — Heu ? Pardon ? Oui, OK.
    
    Je suis là. Croissant à moitié entamé en main, le café-crème est tiède. Je regarde la silhouette d’Isabelle s’éloigner. Mais qu’est-ce que c’est que cette arnaque ? J’engouffre mon croissant, termine mon café et vais régler l’addition. Le barman est l’archétype du Français parfait : moustache, front dégarni, petite bedaine. Pendant que je sors de ...
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