1. Les seins honorés


    Datte: 12/08/2019, Catégories: hplusag, ascendant, cérébral, Voyeur / Exhib / Nudisme nonéro, mélo, Auteur: Bertrand D, Source: Revebebe

    ... plus aux paroles, à rien. Pourtant, aujourd’hui c’est un son particulier. Il se force à ouvrir les yeux. Hélène est là, en pleurs, lui serrant la main, lui faisant mal.
    
    — Papé, ne meurs pas, je serai trop triste. Mamé est partie, reste-toi, pour moi et les petits. Même Marion te cherche, reviens avec nous.
    
    Alors, il a décidé de reprendre le combat, de vivre, pour ses petits. Ses enfants sont heureux de le voir sortir de son désespoir, se battre. Ils lui parlent de la famille, de leurs enfants qu’ils amènent quelquefois, de leurs petits soucis. Il attend aussi à midi, l’arrivée de Christine. Elle prend sa main et la pose dans la sienne. Il a un grand plaisir au contact de cette peau si douce. Malgré la douleur, il la serre, la caresse pour lui exprimer sa joie, sa reconnaissance pour ses visites. On est fin juin, le soleil entre par la fenêtre étroite et haute. Les infirmières sont souriantes, le soignent, le cajolent même, tant il est un patient docile, n’appelant qu’en cas de nécessité. Il fait chaud, Christine vient maintenant en minijupe. Un jour, pour saisir un crayon elle a lâché la main qui s’est posée sur son genou nu. Pour la première fois depuis l’accident, ce contact lui a procuré un plaisir purement sensuel. Il l’a remuée doucement pour une amorce de remerciement. Sa belle-fille l’a regardé, a souri, n’a pas bougé.
    
    Le seul moyen de s’exprimer est l’écriture. Mais il n’en use pas beaucoup. La feuille, pour une plus grande facilité d’écriture, est posée sur ...
    ... une plaque sur le lit. Christine lui donne le crayon, lui guide la main. S’il en avait la force, il écrirait un roman pour rester plus longtemps en contact. Il aime, attend, cette relation toute innocente acceptée par sa visiteuse.
    
    Maintenant que sa tête n’est plus pansée, tous l’embrassent sur le front en arrivant et en partant. Mais lorsque c’est Christine, son regard plonge dans le décolleté. Le jour où elle s’en est aperçue, son premier réflexe a été de se reboutonner jusqu’au cou. Elle ne l’a pas fait, Jacques a souri pour la remercier. Avant de le quitter, elle a défait un bouton au moment de l’embrasser. Quand elle s’est redressée, Jacques a rougi, elle a pincé les lèvres, souri, puis a remis de l’ordre dans sa tenue. Les médecins sont contents, le malade a bon moral, fait des progrès étonnants. On lui a enlevé l’échafaudage qui lui maintenait la mâchoire en place, on peut maintenant le nourrir à peu près normalement. Car, ses bras étant inutilisables, il faut lui donner la becquée. Et surtout, il peut marmonner quelques mots. La première à en bénéficier a été Christine. Libéré depuis le matin, il a pu lui dire : « Bonjour », puis après avoir examiné le contenu du corsage lors du baiser : « Merci beaucoup. » Une infirmière est venue apporter le dessert, un yaourt, Christine s’est offerte pour lui donner. Elle s’est fait ainsi une amie de la soignante. Jacques a été débarrassé de plusieurs plâtres ou bandages et maintenant on peut l’asseoir dans un fauteuil roulant. ...
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