1. La palombière


    Datte: 03/08/2019, Catégories: Entre-nous, Les hommes, Auteur: Emile, Source: Hds

    Voilà plusieurs centaines de mètres qu’elle est annoncée par des panneaux verdâtres, cloués sur les chênes de la forêt périgourdine, avec les recommandations d’usage. Au détour du chemin elle s’élève là, majestueuse, en deux tours solidement plantées au milieu des hauts chênes reliées par une étroite passerelle. Leurs plateaux sommitaux dépassent la cime des arbres et sont recouverts de filets militaires de camouflage. La plus grande des deux est accessible par une étonnante échelle hélicoïdale. Il fait plus de 40°c et je me liquéfie faute du moindre souffle d’air. Je choisis le coin le plus à l’ombre pour faire ma pause. Ma légère vêture est trempée de sueur et renforce l’impression de chaleur. Je finis par m’en séparer hormis mes chaussures et m’adosse à un arbre. C’est à ce moment, sans que je l’aie entendue auparavant qu’un petit SUV rustique apparait au tournant du chemin. Lorsqu’il passe devant moi l’homme au volant, un cinquantenaire portant beau, me salue et dit son regret d’être trop pressé pour me faire visiter l’édifice. Il promène un regard gourmand sur mon anatomie que je ressens comme une séance de pelotage. A peine est-il parti que je suis rhabillé et en marche. Chemin faisant, je finis par m’exciter tout seul en me remémorant l’occasion ratée. Je m’imagine faisant l’amour avec cet homme au sommet de ce bel édifice. Mon bas ventre et mon cul s’échauffent et je ralentis l’allure pour ne pas le manquer s’il revenait. Je réfléchis mon itinéraire en fonction de ...
    ... celui le plus probable de la voiture.
    
    Soudain dans une pente une nouvelle tour se dresse devant moi. Je n’en ai jamais rencontrée d’aussi bien finie avec sa haute plateforme couverte bordée de barrières, son interminable échelle aux larges marches sécurisée par des arceaux, ses piliers empruntés aux plus hauts des échafaudages, ses multiples haubans obliques fixés aux arbres ou verticaux scellés dans des plots de béton. Rien qu’à la voir, on a envie de se hisser jusqu’à son sommet pour profiter du paysage. Je reste là à l’admirer et constate qu’elle est astucieusement sécurisée par une tôle lisse cadenassée qui couvre le bas des marches et les rend impraticables. Paradoxalement, ma récente inactivité renforce à nouveau la sensation de chaleur étouffante qui sévit en ce début d’été. Je me déleste de mon T-shirt et de mon sac à dos et m’assois sur un talus herbeux face à elle. Prudemment, je garde mon short pour éviter un nouvel outrage à la pudeur même si celle-ci est bien loin de mes préoccupations estivales. J’ai envie d’en voir plus de ce nouvel édifice, d’en rencontrer les constructeurs et, qui sait, d’envisager avec eux les conditions d’une visite.
    
    A peine posé au sol, le vacarme assourdissant d’un véhicule tout terrain qui gravit le chemin pentu me parvient crescendo. Un imposant 4x4 d’un autre âge s’arrête devant moi et deux hommes en jaillissent. Le premier, râblé, le poil blond et le visage poupin descend sans me prêter attention et se dirige vers l’installation. ...
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