1. Moissonneuse


    Datte: 28/08/2025, Catégories: f, fh, jeunes, Collègues / Travail amour, revede, odeurs, Masturbation init, amouroman, Auteur: Calpurnia, Source: Revebebe

    Quinze heures, le 14 juillet. Au loin, l’autoroute emporte les voitures climatisées de légions de citadins vers les plages de l’Ouest. Plus près de nous, dans la cabine surchauffée entourée de poussière, la sueur coule, abondante, entre les seins de Thaïs. Celle-ci a retiré son corsage et son soutien-gorge qui gisent derrière le siège, tombés du dossier à cause des vibrations. Elle sait qu’il lui faut boire souvent l’eau brûlante de sa gourde à petites gorgées afin de ne pas se déshydrater. Autour d’elle, des champs de céréales surtout, mais aussi du colza et des betteraves. Avec son regard clair et sa poitrine luisante de transpiration, elle ressemble à la madone d’une affiche de propagande soviétique, sur fond rouge et or, rouge comme le sang de sa blessure de ce matin, à l’avant-bras, à cause d’un morceau de métal qui dépassait de l’engin de vingt tonnes dont elle serrait les boulons. Après cette ruade de la bête à l’encontre d’une débutante, la jeune fille a versé de l’alcool à quatre-vingt-dix degrés et mis hâtivement un pansement sur une vilaine entaille. Elle n’est pas une fille qui craint la douleur. Depuis toute petite, elle a peur seulement des élaphes, les couleuvres américaines qui ondulent entre les épis dorés et surgissent par surprise, bien que leur morsure soit sans danger. Sans quitter des yeux la ligne de son champ, elle extrait son mouchoir de sa poche, essuie la moiteur de son crâne sous ses cheveux bruns très courts coupés en brosse.
    
    Le blé est mûr. ...
    ... Il faut moissonner aujourd’hui, demain au plus tard, impérativement, avant que vienne l’orage, a planifié son père hier soir. Mais, dans ses prévisions, il n’a pas anticipé qu’un lumbago le clouerait au lit pour quelques jours, à un moment crucial de l’année. Tout repose maintenant sur les seules épaules de Thaïs, dix-neuf ans. Elle a déjà participé à la moisson durant plusieurs étés, mais jamais toute seule. Elle connaît les gestes, les réglages mécaniques, et ne rechigne pas devant l’effort, mais au matin, elle craignait d’agir sans être encadrée par ses aînés. Cependant, une fois la machine lancée, tout se déroule normalement, sa blessure mise à part. Elle veille à ne pas dévier la trajectoire de la moissonneuse-batteuse dont elle agrippe fermement le volant à deux mains. La direction est lourde : il faudrait changer la pompe d’assistance. Dans les virages, les muscles des bras saillent dans la lumière. Elle tient le choc, concentrée, et pendant que le soleil poursuit sa course, elle ne voit pas le temps passer.
    
    La Beauce s’étend sans aucun obstacle pour arrêter le regard. Le travail est monotone, sur vingt mètres de largeur de coupe. Elle pense qu’à chaque tour de roue, les prix des céréales, dans des salles de marché interconnectées, baissent d’une fraction de centime, ce qui permet à un enfant de ne pas mourir de faim. Elle imagine ce visage quelque part dans un bidonville de Bombay ou du Caire. Encore un tour, une autre vie sauvée, un filet de sueur autour de la ...
«1234...»