1. Pas quitte, double


    Datte: 31/07/2019, Catégories: fh, extracon, jalousie, cérébral, Oral confession, consoler, Auteur: Tito40, Source: Revebebe

    ... voir. J’entendais son sourire au fil. Sa voix était gaie et chaleureuse. J’étais amoureux d’elle. Couvert de sueur et hagard, j’ai éprouvé un sentiment étrange, un mélange de déprime et de joie. Elle allait venir à Grenoble. Nous allions être proches l’un de l’autre. Je devais me tenir éloigné pour ne pas souffrir à nouveau de la perdre encore, mais la douleur qui aurait pu survenir en manquant son passage aurait été, je le sentais, bien pire.
    
    Devant mon miroir, alors que je me rasais, j’ai su que j’allais faire mon possible pour être là quand elle viendrait. Pour quoi faire ? Pour quoi dire ? Ces questions ne me sont pas venues. Je voulais simplement la voir, même si ce serait sans doute la seconde dernière fois. Alors je l’ai rappelée. Heureusement ça n’a pas sonné ; j’ai laissé mon mensonge sur sa messagerie.
    
    J’ai pressé la touche rouge, en regrettant déjà. J’aurais dû dire ça, il aurait fallu que je termine par un petit mot doux… Mais c’était trop tard.
    
    La réponse d’Anaïs est arrivée assez vite. Elle passerait samedi cette semaine. Sans doute le matin. Dans un SMS assez long elle m’expliquait qu’elle ne savait pas encore où elle irait dormir, sans doute chez une copine, mais que de toute façon elle aurait réglé ça d’ici là. Pour le reste de ma journée, et pour les trois jours qui nous séparaient du samedi, je pense que ma fréquence cardiaque a explosé. Fébrile comme un gamin la veille de son anniversaire, la peur que j’avais de la revoir n’était plus rien face ...
    ... à cet amour immense qui m’habitait, quoi qu’il advienne, quoi qu’elle dise, quoi qu’elle fasse.
    
    Quand j’étais petit, mes parents semblaient bien plus heureux quand je leur montrais mon bonheur. Il suffisait que je sois souriant pour qu’ils oublient leurs problèmes. À bien y réfléchir, même si l’amour filial n’est pas l’amour qu’on peut avoir pour une personne avec laquelle on imaginait passer sa vie, je me suis demandé si quand on aime quelqu’un vraiment, on ne doit pas mettre sa propre petite personne de côté quand le bonheur de l’être aimé passe par un autre chemin.
    
    Pour brutale qu’avait été la révélation de sa trahison, elle finissait par devenir une révélation pour moi aussi. La révélation qu’on peut être heureux du bonheur de l’être aimé, quand bien même nous ne serions pour rien dans ce bonheur. Il est clair que je cherchais mille prétextes pour lui pardonner, clair que je me faisais des nœuds dans la tête uniquement pour justifier, face à moi-même, un renoncement à ma colère. J’étais tout simplement toujours amoureux d’elle.
    
    Le vendredi soir, j’ai reçu un SMS d’Anaïs m’indiquant qu’elle arriverait par le train 17611 à 10 h 47. Je me suis mis à calculer le temps qui restait avant qu’elle arrive, presque en permanence. J’aurais voulu y être déjà, tout de suite. Le temps est long quand on le regarde passer.
    
    J’étais sur le quai à l’arrivée du TER. Guettant sa silhouette dans la foule qui se déversait, je l’ai vue émerger comme si toute la lumière du jour était ...
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