Le livre de Raison d'Odilon Ventalon
Datte: 13/07/2025,
Catégories:
fh,
hplusag,
fplusag,
extracon,
candaul,
pénétratio,
historique,
aventure,
Auteur: Diable Mouret, Source: Revebebe
... occupations moins belliqueuses.
Au domaine du Pradel, les descendants du grand agronome, Olivier de Serres, étaient en train de perfectionner l’élevage du ver à soie. Notre ancien artilleur devint sériciculteur, bien que, en ces temps troublés, le fait de disposer à demeure d’un artilleur expérimenté dans un domaine ne fut pas étranger au fait que son maître l’ait choisi pour le poste.
Son fils, prénommé Charles (car Charlotte-Paule de Chambaud, était sa marraine), fut élevé ainsi entre les brassées de feuilles de mûrier et les cocons soyeux, au son lancinant des magnans dévorant les feuilles.
Les troupes catholiques étaient en train de reconquérir le Vivarais, effaçant petit à petit les acquis de l’Édit de Nantes. Le domaine du Pradel tentait péniblement de rester un lieu paisible au milieu des jeux de pouvoir et de religion.
Charles connut un destin plus paisible que son père. Il apprit, avec ses parents, tout l’art d’élever les magnans et se prépara à succéder en douceur à son père.
Il avait presque atteint ses dix-huit ans quand une troupe catholique entreprit de démontrer aux protestants de la ville voisine tout l’intérêt de se convertir. C’était le début des terribles dragonnades : on logeait chez les tenants de ce qu’on nommait dédaigneusement « la religion prétendument réformée » des soudards chargés de piller, ruiner, voler et violer leurs hébergeurs.
Guyon vieillissant connaissait depuis longtemps un muletier du cru, il est probable qu’ils avaient ...
... vécu ensemble quelques aventures guerrières dans leurs jeunesses. Cet homme avait une fille et n’avait aucune envie qu’elle soit brutalisée par un dragon des troupes royales.
Les deux pères s’entendirent en urgence et on maria au plus Charles, bon catholique et fils de catholique à Ysabeau qui se convertit pour l’épouser. Bien entendu, par solidarité, les parents d’Ysabeau se convertirent en même temps que leur fille, échappant ainsi aux dragonnades.
Les jeunes époux, quoiqu’on ne leur ait guère demandé leur avis, ne se déplaisaient pas et eurent la décence de s’aimer. Ainsi naquit Odilon.
Quand il eût dix-huit ans, Odilon fut chargé d’accompagner une couble (car c’est ainsi qu’on nommait les caravanes de mulets) chargée de fils de soie, jusqu’à la ville du Puy-Notre-Dame où on allait les transformer en précieuses dentelles. Il traversa ainsi la ligne des montagnes, passant non loin de Mazan. Le maître de la couble était, naturellement, un oncle d’Odilon, qui avait succédé à son père à la tête de l’entreprise familiale. Une fois au Puy, le muletier, soucieux de donner les preuves de son état de bon catholique, conduisit, bien entendu, Odilon jusqu’à la cathédrale, mais, auparavant, l’emmena au bordel près de la porte d’Avignon. « Il serait dommage, lui dit-il, que tu ailles à confesse sans avoir rien à confesser. »
Dans une ville où pullulaient moines et chanoines, la plupart du temps casés là par la volonté de leurs familles et sans qu’on ait songé à prendre leur ...