Le livre de Raison d'Odilon Ventalon
Datte: 13/07/2025,
Catégories:
fh,
hplusag,
fplusag,
extracon,
candaul,
pénétratio,
historique,
aventure,
Auteur: Diable Mouret, Source: Revebebe
Résumé des épisodes précédents :
Béalaure avait une ancêtre sorcière, habitant à Mazan, dans le Haut-Vivarais, voici un demi-millénaire. Après nous être découverts, voici comment une sorcière s’est retrouvée dans l’arbre généalogique d’une honorable famille lyonnaise.
Voilà une semaine que Béalaure est repartie vers sa vie citadine et familiale et je sens son absence à chaque moment.
Lorsque nous échangeons par courriel, j’entends dans ma tête sa voix me lire les mots qu’elle a écrits pour moi, et lorsque nous échangeons par téléphone, chacun de ses mots me fait sentir son odeur et m’amène sur la langue le goût de sa peau.
Ce fichu mois de décembre a beau n’avoir que 31 jours, lesquels sont bien plus courts que ceux du mois de juillet, je trouve ces 31 jours interminables. Il est vrai que, astronomiquement parlant, le raccourcissement des jours étant exactement compensé par l’allongement des nuits, le nycthémère (ce n’est pas un gros mot) continue à faire vingt-quatre heures.
C’est du côté de la Saint-Nicolas que Béalaure m’a envoyé la copie scannée d’un vieux manuscrit que sa mère avait consenti à lui confier : ce serait le document qui atteste leur lien de parenté avec la sorcière Béatrix Laurent, soumise à la question en l’an 1519.
J’ai donc reçu une centaine de photographies de pages manuscrites d’un brun jaunâtre, couvertes d’une écriture cursive à l’encre noire. Ceux qui veulent ennoblir la langue française en la nommant « langue de Molière » ...
... devraient aller lire Molière dans le texte d’époque : ils apprendraient que notre langue a sacrément évolué au cours des siècles et que le langage du XVIIe siècle ne ressemble guère à celui de nos présentateurs de journaux télévisés.
Bref, me voilà en train de déchiffrer les écritures d’un certain Odilon Ventalon qui, à l’approche des quatre-vingts ans, avait voulu mettre par écrit certains épisodes de sa vie pour que ses descendants ne l’oublient pas.
Les premières phrases ne m’ont pas surpris, on les trouvait, à cette époque, au début de nombreux testaments :
La suite m’a occupé plus longtemps, car, d’une part, il était rédigé en un français mêlé de dialecte local (ce qu’on appelle aujourd’hui, l’occitan nord vivarois) mais aussi, d’autre part, parce que l’écrivain semblait avoir du mal à exprimer certaines choses.
Il commençait par expliquer que son aïeul, qui devait se prénommer Guy ou Guyon, selon les moments, était, initialement, palefrenier à l’abbaye de Mazan. C’est là qu’était le lien avec la sorcière Béatrix : les Ventalon, après la condamnation de leur ancêtre convaincue de sorcellerie, avaient vu leurs maigres biens confisqués et s’étaient retrouvés domestiques des moines.
Guyon Ventalon portait le nom de sa mère, servante de l’abbaye. Son père était probablement un des moines profès, issu d’une noble famille, car il avait bénéficié, dans son enfance, d’une éducation assez convenable. Il savait lire, compter et était capable de signer de son nom.
Son ...