1. La rencontre


    Datte: 06/07/2025, Catégories: fh, Collègues / Travail amour, rencontre, Auteur: Roy Suffer, Source: Revebebe

    ... collège, un petit appartement en ville et des escapades à la campagne le week-end. Une vie banale en somme.
    — Étonnant pour une femme qui ne l’est pas.
    — Comment cela ? Mais je suis d’une banalité rare !
    — Ne faites pas la fausse modeste. Vous savez pertinemment que vous êtes une femme superbe, intelligente et menant une brillante carrière.
    — Oui, alors le côté « superbe », opinion très subjective que je ne partage pas, ça m’a plutôt desservi que rendu service. « Madame la Directrice, si vous pouviez me pomper le dard sous le bureau, je donnerais certainement suite à votre requête ! » J’exagère un peu mais je n’en suis pas loin. Quant à votre « ami » Granradin, je le fais tomber quand je veux. Dans les manifestations professionnelles, c’est un vrai « queutard » !
    — Ah, ah ! Intéressant. Quoiqu’aujourd’hui, je m’en moque comme de ma première chemise.
    — On verra, on verra. Je n’ai pas dit mon dernier mot.
    
    Ils terminent, lui sascalopina alla milanese, elle sa salade depomodori con mozzarella, prennent deux grossesgelatiet deux cafés pour terminer. Elle reprend le chemin de son agence, il rentre chez lui, non sans passer un long moment à regarder s’éloigner l’harmonieuse silhouette chaloupant élégamment sur ses talons aiguilles. Il regrette de ne pas l’avoir assez remerciée pour ce déjeuner, pourtant court et peu somptueux, mais il a tellement apprécié d’être dans un restaurant pour la première fois depuis tant de mois. Il ne peut même pas lui envoyer un texto, elle ...
    ... sait tout sur lui et lui bien peu sur elle, pas même un numéro en dehors de la plate-forme d’accueil. Il va se cueillir une salade, ramasser les trois œufs quotidiens de ses poules, ce soir ce sera omelette-salade, comme hier, comme souvent.
    
    Samedi. Il se casse la tête sur un truc qu’il a oublié : « elle s’est rendu compte » le choque, mais en écrivant « elle s’est rendue compte », le doute s’installe. Verbes pronominaux, le réfléchi fait partie du verbe, le complément est après, pas d’accord… Vérification. Soudain, le téléphone :
    
    —Bonjour. Sandra Nikouët
    — Ah bonjour. Comment allez-vous ?
    —Bien, mais c’est urgent. Est-ce que je vous dérange ?
    — Pas du tout.
    —Je peux passer vous voir ?
    — Oui, bien sûr.
    —En fait, je suis dans votre rue qui est si étroite que je la bloque. Heureusement, pour l’instant il n’y a personne derrière moi. Où puis-je me garer ?
    — Quand vous allez arriver à mon numéro, la maison est en retrait, vous pouvez stationner devant le garage, ma voiture y dort.
    —Merci, à tout de suite.
    
    Et merde, pense-t-il, je n’ai pas fait le ménage… tant pis, trop tard. Le moteur de la voiture vrombit déjà, peinant à grimper la pente raide de la cour. Il sort à son avance, lui conseille de laisser en première en plus du frein à main.
    
    — Dites donc, c’est tortueux pour arriver chez vous, mais ça vaut le coup. C’est absolument charmant, un quartier que je ne connaissais pas du tout. Elles ont quel âge ces maisons ?
    — C’est la vieille ville, le tout premier ...
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