Quand la vie s'arrête
Datte: 28/06/2025,
Catégories:
ascendant,
contrainte,
nonéro,
articles,
Auteur: Loaou, Source: Revebebe
... percent la peau. Alors il la rejette violemment devant lui, contre sa mère qui tombe avec elle, bras et jambes mêlés. Le goût âcre du sang remplit sa bouche ; l’odeur piquante de l’alcool renversé agresse ses narines.
Ce n’est pas la première fois qu’il la chahute, mais il s’était toujours arrêté à des caresses et des contacts qui pouvaient passer pour affectueux, quoique terriblement ambigus, avec une audace croissante sur sa poitrine ou son entrejambe. Mais il n’avait jamais franchi la ligne rouge à ce point et sa mère ne s’en était jamais mêlée. C’était la première fois. Et ce sera la dernière, parce qu’elle sait déjà ce qui arrivera s’il la touche de nouveau.Qui a bu boira…
Elle se relève rapidement, remonte le pantalon tombé sur ses cuisses et, la vue brouillée de larmes, se précipite dans sa chambre sans aucune attention à leurs cris. Au passage, elle crache et se rince la bouche dans le lavabo de la salle de bain puis sort de la pièce avec une serviette de bain, sa brosse à dents et le tube de dentifrice familial. Elle les fourre pêle-mêle avec ses maigres affaires dans la plus grande valise : des fringues héritées de sa sœur, dont peu sont vraiment à sa taille, son ours râpé, une poupée, quelques livres et souvenirs, tous ses petits trésors.
Un rapide regard autour d’elle, elle y ajoute son pyjama, le petit réveil mécanique qu’elle n’utilisait plus. Il reste de la place… Elle y fourre son oreiller et ferme les loquets difficilement, avec précipitation. Elle ...
... jette sur son épaule le sac à dos avec ses affaires scolaires et va directement à la porte d’entrée en tirant son baluchon à roulettes, sans un regard dans la salle à manger où ses parents ivres s’insultent mutuellement. Elle récupère sa veste dans le placard et, idée fugitive en voyant celle de son père, elle déleste en tremblant son portefeuille des billets qu’il contient.
Puis elle sort et claque la porte si violemment que des brisures de ciment tombent de son cadre. Elle s’arrête une seconde, le temps de remettre en place son soutien-gorge sous son polo et d’extirper sa bretelle d’en dessous de celle du sac à dos. Dans la foulée, elle passe l’autre bras dans la sangle libre du sac et en équilibre le poids sur ses épaules. Elle part vers la gare, tirant la valise qui roule avec un ronronnement rassurant.
Elle a déjà tourné au coin de la rue quand des cris et des appels indistincts se font entendre. Elle les ignore. De toute façon, personne ne bougera : les voisins se sont lassés des débordements des ivrognes et ont cessé de les signaler. Elle s’en va d’un bon pas, moins assuré qu’elle le voudrait.
Elle ne pleure pas, elle commence à réfléchir à comment survivre seule à quatorze ans, avec pour seuls bagages une grosse valise et un sac à dos. La douleur encore présente dans son sein et son entrejambe ravive sa peur de devoir revenir ou d’être ramenée, sa peur du viol qui surviendra immanquablement. L’inconnu lui semble préférable. Elle prend la décision de ne jamais ...