Erotisme et cinéma (14) : La femme qui aimait les hommes de Hagar Ben Asher (2011)
Datte: 22/06/2025,
Catégories:
Dans la zone rouge,
Auteur: Olga T, Source: Hds
... logique de se demander si elle saura désormais surmonter son appétit sexuel. Et ses relations avec ses amants, en s'en trouvant transformées, ne dérègleront-elles pas la vie quotidienne de la communauté dont les protagonistes font partie ?
Shay tombe amoureux et lui offre une vie de couple stable. L’aimant aussi, elle accepte ; il devient très proche des enfants, leur servant de père, s’en occupant pendant qu’elle bat la campagne, cassant ses œufs, crevant ses pneus, puis rejoignant ses anciens partenaires auxquels elle semble ne pas pouvoir renoncer.
Hagar Ben Asher est à la fois scénariste, réalisatrice et actrice principale, incarnant le personnage de Tamar.
COMMENTAIRES
Lorsqu’elle n’est pas occupée à sa batterie de poules, pratique volontiers masturbation, Tamar pratique fellation et copulation sur et avec différents hommes des environs. Tout semble aller pour le mieux dans le meilleur des mondes jusqu’au moment où Shay, un vétérinaire que Tamar a bien connu, s’installe de nouveau dans la région. Prenant à rebours un schéma traditionnel, Hagar Ben Asher fait de leur mise en couple l’événement perturbateur qui va rompre l’équilibre de tout un écosystème.
Si on a du mal à comprendre Tamar, elle fascine par son étrangeté. Femme libre ? Pour l’être, faut-il rompre avec les codes moraux et la routine familiale ?
On sent derrière les images une main sûre, un regard aiguisé, guidés par des intentions précises. Le récit progresse par blocs, sans enrobage ...
... inutile, laissant parfois planer le doute sur ce qu’il « faut » voir dans le plan. C’est une forme de réalisme que la cinéaste met en place en ancrant son récit dans la plus grande quotidienneté et en défaisant toute hiérarchie entre les événements.
Hagar Ben Asher ne cesse de lier les enjeux narratifs à des questions pratiques, celle notamment des trajets entre les maisons de Shay et de Tamar, le poulailler et l’école – qui va où avec qui, quand et par quel moyen. La bicyclette de Tamar acquiert ainsi une place centrale dans le récit, tantôt outil de libération, tantôt moyen de séquestration. Les relations sexuelles entre les différents personnages sont traitées avec la même attention. Évitant tout à fait une répétitivité qui paraissait pourtant inévitable, chaque scène apporte une nouvelle pierre à l’édifice narratif par la précision continuée du cadre et de la mise en scène.
Alors que le couple impose ses convenances à la vie de Tamar, on est peu à peu amené à voir en quoi les préférences sexuelles du personnage central relèvent d’une contrainte intérieure. Le temps passant, elle semble de plus en plus accablée par sa situation, qui la retient de continuer à satisfaire ses voisins par crainte de blesser l’homme qu’elle aime.
Hagar Ben Asher n’a pas cherché à trouver on ne sait quelles causes psychologiques au comportement compulsif de son personnage.
Les critiques ont été souvent sévères, jugeant le film arrogant et froid. Il est provocant par son sujet : une mère de ...