L’ultime danse de Salomé
Datte: 16/06/2025,
Catégories:
magasin,
amour,
cérébral,
revede,
sf,
Auteur: calpurnia, Source: Revebebe
... avec beaucoup de gens, et raconté à chacun une histoire différente dans laquelle elle était pompière, astronaute, médecin, ingénieure ou simplement hôtesse de caisse, en fuite après avoir volé tout l’or des coffres. À chaque rencontre, elle se plaçait dans la réalité de l’un des univers multiples d’Hugh Evrett : ce qu’elle aurait pu être, dans d’autres circonstances.
Le soir venu, épuisée d’avoir tant marché, je passais mes pieds endoloris sous l’eau froide, pour revenir à la charge le lendemain. J’ai fini par comprendre qu’elle vivait à demeure au sein du Centre qui la nourrissait comme une mère folle et insoucieuse de ses enfants. Pour subsister dans ce milieu hostile pour qui entend le parasiter, il lui fallait changer sans cesse d’histoire et de visage. Elle devait se grimer chaque jour différemment. Progressivement s’est amplifiée l’intuition que dans l’ombre, elle m’observait, grâce à sa connaissance de chaque recoin du Centre. Parfois, je me retournais brusquement et croyais voir s’évanouir une silhouette au milieu de la foule. Des femmes dont j’apercevais le reflet dans une vitrine me semblaient correspondre, mais en face d’elles, plus rien. Sam n’aurait-il pas tout simplement rêvé ?
Cette jeune personne a hanté mes nuits. Elle était présente dans chacun de mes songes. Elle me regardait, me parlait, mais je ne comprenais pas ses mots. Je savais seulement qu’elle mentait en racontant sur elle toutes sortes de fables. Qu’attendait-elle de moi ? Que je la ...
... retrouve et lui demande de rencontrer Sam, au moins une fois, vraiment ? Ou bien voulait-elle que je l’aide à réaliser un étrange destin que je ne saisissais pas ? Soudain, avant de me réveiller dans un cri, je me suis tournée vers le miroir de ma chambre et vu le visage de Salomé à la place du mien.
Par hasard, j’ai fini par croiser le chemin de Paul, un ancien client dont j’avais retrouvé l’épouse partie brutalement, dix ans plus tôt. Il m’a reconnue en premier, il est venu vers moi et nous avons déjeuné ensemble dans un restaurant assez chic qui constituait sa cantine et où il m’a invitée. Il était certain d’avoir vu Salomé dans l’allée principale vers dix-neuf heures, un samedi. Elle marchait seule parmi la foule et semblait perdue, errant d’une manière incohérente entre les différents points de passage. Paul m’a proposé son aide. Un juste retour d’ascenseur, disait-il, puisque j’étais parvenue à sauver son couple. Il semblait ne pas avoir vieilli depuis que j’avais enquêté pour lui, avoir trente ans éternellement, le meilleur âge selon lui, un adepte des miracles de la chirurgie esthétique ? Enfin, mon enquête avançait.
En tant qu’ingénieur en informatique de la société, il avait accès aux vidéos de surveillance : plus de vingt mille caméras, pilotées par une intelligence artificielle qui engloutissait toutes ces images. Il m’a expliqué que ce logiciel s’appelait « Bébé », un acronyme dont je ne me souviens plus des termes. C’était un projet fantastique aux moyens quasi ...