Deux petits bouts de toi ! - Histoires de Sexe

Deux petits bouts de toi !

... anéantie. Ma seule idée sur l’instant, c’est d’imaginer qu’il ne s’agit que d’une passade, d’un moment d’égarement.

— Paul… je t’aime, moi, tu ne peux pas tout foutre en l’air pour une passade. Je suis ta femme… tu m’as si souvent dit combien tu m’aimais… Ce n’est pas sérieux.
— Maryse… l’amour entre nous, c’est devenu une routine. Nous sommes deux amis plus que deux amants. Et elle était là dans un moment où mes doutes étaient trop visibles.
— Mais pourquoi ne m’en as-tu jamais parlé ? Tu vas me quitter pour cette fille ? Tu…

Les mots me manquent, mes yeux se noient déjà dans une eau salée que distille ma peine. Celle de ce coup que je reçois en pleine face. Comment peut-il me faire ça ? À moi qui partage tout avec lui depuis… notre union. Mon corps tout entier se refuse à croire en ce que cette bouche qui m’a embrassée des années durant vomit là, devant un bol de café refroidi depuis longtemps. Il se tait enfin, et mes sanglots font un bruit étrange dans la cuisine.

— Tu… tu ne peux pas me faire ça, pas toi, Paul !
— Maryse… je vais partir. Ma décision est prise… je suis amoureux de Sarah !
— Ce n’est pas possible Paul ! Pas après toutes ces années passées à nous aimer. Qu’est-ce qu’elle a de plus que moi à t’offrir ? Dis-moi ? Elle est meilleure au lit que moi ? C’est cela ? Sa jeunesse te convient mieux ? Ben répond, vas-y… donne-moi une seule bonne raison !
— …

Il me suit des quinquets, ses lèvres tremblent. Pèse-t-il ses mots pour m’anéantir encore ...

... davantage ? J’ai peur de ce qu’il se prépare à dire.

— Maryse… toi et moi, nous avons vécu une belle histoire ! Je t’ai aimée comme un dingue, comme un fou. Mais… il y a un détail que je ne veux, ne peux pas te cacher…
— … Paul, je t’en supplie, ne m’abandonne pas !
— Sarah… elle est enceinte, elle attend notre enfant.
— Un bébé… non ! Alors c’est vrai, cette fois je t’ai totalement perdu…

La lame de fond qui me submerge me cloue sur mon siège. Lui se lève, passe ses doigts sur ma joue, et dans un geste sec du bras, je le repousse brutalement. La voix qui sort de ma gorge, je ne la reconnais pas moi-même.

— Dégage ! Prends tes affaires et fiche le camp, Paul.
— Maryse…
— Ne dis plus rien. Tu m’as assez fait mal comme ça… C’est bon ! Va la rejoindre et fiche-moi la paix.

Il se redresse, soupire tristement et se dirige vers la chambre à coucher, chambre conjugale inutile désormais à nos amours mortes pour de bon. J’abdique, incapable de lutter contre ce qui me paraît la pire vacherie de la vie. Mes espérances s’envolent là, au rythme des vêtements que Paul entasse dans une valise. Il s’arrête devant moi, la main sur la clenche de la porte d’entrée.

— Maryse… je suis désolé !
— Tu as ce que tu as toujours désiré, n’est-ce pas ? Ce bébé que je n’ai pas pu, pas su te donner… alors, je suis heureuse pour toi. Vois avec notre avocat pour régler les formalités de notre divorce… je ne m’opposerai à rien.
— Maryse… je t’ai tellement chérie…
— Pour l’amour du ciel, ...