1. Histoire des libertines (95) Wu Zetian, la cruauté, la sensualité et le pouvoir


    Datte: 04/06/2025, Catégories: Dans la zone rouge, Auteur: Olga T, Source: Hds

    ... son fils, Wu Zetian ne peut pas tenir tête à tous ses opposants. Wu Zetian se retire au palais de Shangyang au sud-ouest de Luoyang. Son fils lui décerne à titre symbolique le titre de « Grand et saint empereur Zetian ».
    
    Elle meurt peu après, en décembre 705. Dans ses dernières volontés, elle demande que le titre d'empereur décerné par Zhongzong soit transformé en « impératrice » et qu'on l'enterre en tant que telle auprès de Gaozong. Elle rend leur position aux familles de ses victimes, l'impératrice Wang et de Xiaoshufei, l’ex-seconde épouse, ainsi qu'aux fonctionnaires et ministres démis pendant son régime.
    
    « UN CHARME DE RENARDE »
    
    Les historiens chinois insistent sur « ses cheveux relevés, en volutes nuageuses, ses sourcils arqués comme des feuilles de saule, son nez droit et bien planté, sa petite bouche ronde et charnue, ses yeux en amande minces, son opulent décolleté que flattait la mode des robes croisées, amplement ouvertes et voilées d’un châle câlin. »
    
    Son contemporain, qui deviendra un adversaire politique, le poète Lo-Ping Wang, né vers 640, la décrit en ces termes : « Des sourcils arqués comme des antennes de papillon / Ne consentant pas à céder aux autres femmes, / Cachée derrière sa manche, elle s’applique à calomnier, / Son charme de renarde a le pouvoir particulier d’ensorceler le maître. ». Ce poète, qui était fonctionnaire, participa à la révolte de 684 au cours de laquelle il disparut. S’il souligne le charme de l’impératrice, même à un âge ...
    ... avancé, le poète insiste surtout sur sa malice.
    
    Il est significatif que Mao Zedong, autre sanglant autocrate qui gouverna l’empire du Milieu de 1949 à 1976, considérait Wu Zetian comme « une gouvernante éclairée ». Il est vrai qu’ils avaient en commun d’être des tyrans qui voulaient réformer à marches forcées et avec une extrême brutalité la Chine, qu’ils rejetaient l’un et l’autre la tradition confucéenne et que l’un comme l’autre, jusqu’à un âge avancé, ont été des hypersexuels compulsifs.
    
    Au-delà de ce parallèle audacieux à 13 siècles de distance, Wu Zetian, par sa cruauté, ses crimes, ses méthodes implacables pour parvenir à ses fins, fait penser à d’autres femmes qui, comme elle, font froid dans le dos. J’ai déjà mentionné Agrippine. On peut aussi la comparer à la terrible Frédégonde, reine des Francs au VIème siècle (voir Histoire des Libertines (9) : « Frédégonde l’impitoyable », paru le 1er décembre 2017).
    
    Pour autant, si Agrippine ou Frédégonde étaient aussi cruelles que Wu Zetian, Agrippine n’a régné, que brièvement, à travers Claude puis Néron. Frédégonde l’a fait à travers son mari Chilpéric et son fils Clotaire. Mais, ni l’une, ni l’autre, même si elles avaient la réalité du pouvoir, n’ont été « empereur » ou « roi ». À part, dans l’ancienne Egypte, sous la XVIIIème dynastie, la célèbre Hatchepsout, qui se proclama Pharaon et régna de -1479 à -1457, il n’y a pas de destin similaire.
    
    Chez Wu Zetian, les différents traits de sa personnalité, à savoir ...
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