1. Histoire des libertines (95) Wu Zetian, la cruauté, la sensualité et le pouvoir


    Datte: 04/06/2025, Catégories: Dans la zone rouge, Auteur: Olga T, Source: Hds

    Dans un texte publié le 29 décembre 2019, j’avais évoqué l’extraordinaire destin de Tseu Hi (Histoire des libertines (51) : « Tseu Hi, l’impératrice douairière, la « reine dragon ») qui eut un immense pouvoir sur l’Empire du Milieu de 1861 à 1908.
    
    Mais Wu Zetian (624-705) fut la seule impératrice régnante de toute l'histoire de Chine. Le titre et la fonction d'empereur de Chine étaient exclusivement réservés, dans le système impérial, aux hommes, les femmes ne pouvant exercer le pouvoir que provisoirement, dans le cadre d'une régence ou d'un interrègne, sans avoir le titre d'empereur et assistées le plus souvent d'un conseil de régence. Wu Zetian écarta provisoirement du pouvoir la dynastie des Tang et fonda sa propre dynastie, la dynastie Zhou.
    
    Elle fut l’égal des empereurs à une époque et dans une société où la femme était cantonnée à une place subalterne ou, au mieux, à un rôle d’influence. Certains font d’elle une féministe avant l’heure. Une chose est certaine : par son mode de gouvernance, sa brutalité, sa cruauté, son mode de vie, en particulier sexuel, elle n’avait rien à envier aux « Fils du ciel » qui ont dirigé l’empire du Milieu.
    
    La cour fut dominée par cette femme au caractère impitoyable qui, à force d’intrigues, sut s’élever du rang de concubine à celui d'impératrice. Pendant quelques années, elle se contenta de régner en coulisse, manipulant à son gré l’empereur, avant de devenir impératrice elle-même sous le nom de Wu Zetian. Dotée d'un grand ...
    ... charme et d'un tempérament ferme, son ascension vers le trône fut un chemin d’intrigues constellé de sang, et son règne a été marqué par la terreur et de nombreux outrages à la tradition. Le personnage fait froid dans le dos !
    
    L’époque des Tang était une époque relativement libre pour les femmes de Chine. Parce que la culture et l’éducation se transmettaient alors plus généreusement aux filles, il ne fut pas rare de voir des femmes contribuer aux arts picturaux, poétiques ou littéraires voire à la politique. À titre d’exemple, je renvoie à une autre publication : Histoire des libertines (90) : « Yu Xianji, courtisane et poétesse », publié le 21 septembre 2021 et qui raconte un destin tragique de femme sous la seconde phase de la dynastie Tang, au IXème siècle.
    
    DEUX FOIS CONCUBINE
    
    Son père était magistrat dans le Sichuan. S’étant distingué dans une campagne militaire en 617, l'empereur Gaozu lui fait épouser en secondes noces une femme Sui nommé Yangda, approchant la quarantaine, apparentée à une ancienne dynastie. Le couple eut trois filles, dont Wu Zetian, alors appelée Zhao.
    
    Dans ce milieu, Zhao bénéficie d’une éducation aux œuvres classiques, à la peinture, la danse, la musique et à la poésie. Zhao voyage beaucoup, au gré des postes officiels de son père, ce qui aiguise sa curiosité et sa volonté d’apprendre. Lettrée et cultivée, elle devient une adolescente d’une rare beauté.
    
    À douze ans, elle accède au harem avec le grade de « talentueuse », l'un des plus bas. ...
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