Dylanesque
Datte: 22/05/2025,
Catégories:
fh,
jeunes,
amour,
nostalgie,
portrait,
amitié,
Auteur: Amarcord, Source: Revebebe
... abandonner les clefs à l’occasion, lorsqu’il ne suivait pas ses cours de chimie dans les bâtiments provisoires montés à la hâte pour suppléer à ceux de Jussieu, en plein désamiantage. Fallait-il qu’il soit un scientifique brillant pour pouvoir mener ses études avec une si apparente décontraction ! Entre les cours, les labos, les nuits de transe au son des vagues électro et les verres éclusés àla Belle École, il ne devait pas rester beaucoup de place pour le sommeil. Taillé comme un roc, Ben dominait aussi le paysage du bar par sa faconde, ses reparties cinglantes, son exubérance, et une fois la glace de la vodka brisée, son cœur d’or. Il semblait né pour l’amitié, elle formait son seul luxe, avec l’antédiluvienne Twingo couleur fraise écrasée, bien exiguë pour accueillir sa carcasse, et qui servit plus d’une fois de véhicule utilitaire collectif pour dépanner nos soucis logistiques.
Si Ben était l’âme du groupe, nous formions aussi sa seule famille, puisqu’il avait coupé tout contact avec la sienne. Il nous aimait tous comme des frères et sœurs, avait pour nous toutes les indulgences mais aussi toutes les ironies. Dans la « team Ben », chacun avait son rôle et parfois son surnom : Jules, « le raseur », mais aussi Marie, la tendre « Miss DOM-TOM », Clotilde, la tornade brune, « Miss météo » ; Sammy le hâbleur était « Pagnol », Malick, le digne et long pince-sans-rire, « Nestor ». Jérôme était « Jean du Marais », Constantin, le sniper toujours sobre, était « Kouka », ...
... puisqu’il n’améliorait jamais le sien d’une larme de whisky. Anne, sa récente copine, avait forcément rejoint la fine équipe en tant que « Koukine ».
Ce qui lui allait bien, je parle d’expérience : deux ans plus tôt, j’avais croisé au cours d’économie politique cette blonde mignonne et malicieuse qui s’était juré de me mettre dans son lit. Un projet tout à fait plaisant, qu’il m’arriva quelques fois de concrétiser sans qu’elle ne devienne vraiment ma petite amie : elle en avait déjà un autre, de Jules, à l’époque, bien avant Kouka. N’allez pas en faire une salope : j’adore cette fille, et si nos rapports avaient été intimes, ils avaient aussi été sans enjeu, comme une amourette de vacances sans les vacances. Il nous en restait un charmant secret et des complicités d’autant plus savoureuses qu’elles étaient un peu ambiguës.
Mireille et Michel, de sacrés baiseurs selon la rumeur, formaient plutôt un gentil petit couple bien sage, un peu trop même. Ben les rebaptisa Mickey et Minnie, un surnom qu’ils trouvèrent bien sympathique. Nul ne leur révéla jamais qu’ils le devaient autant au mimétisme de leurs prénoms qu’à celui de leurs oreilles, qu’ils avaient grandes et un peu décollées.
Quant à Fiona, elle jouait le rôle de « princesse » et de petite sœur adoptive de Ben. Il ne veillait pas sur sa vertu, mais gare à quiconque lui eut mal parlé. Pour Fiona, les présentations ont déjà été faites, ce qui a dû vous mettre la puce à l’oreille de Mickey. Les siennes étaient plutôt ...