1. Séparation attachante


    Datte: 16/05/2025, Catégories: vacances, voyage, telnet, cérébral, revede, nopéné, nonéro, tutu, lettre, lettres, Auteur: Nycthémère, Source: Revebebe

    ... nous avons déjà partagé. Je vous confie le soin de donner vie à ces respectueux liens, sous la forme qui vous plaira. À votre retour, vous lirez ici même le fond de mes pensées. Peut-être se révéleront-elles semblables aux vôtres. Je ne le considérerai pas comme une coïncidence.
    
    ***
    
    Oui, Monsieur, je suis partie… Pour mieux revenir, comme à chacune de mes escapades. De vous à moi, je ne saurais dire si cette séparation est attachante. Ce dont je suis certaine : je m’attache de plus en plus aux séparations. Avec le temps, peut-être aussi une sorte de maturité ou de sagesse, ces moments sont source de révélations de moi-même, semblables à un lâcher-prise.
    
    Comme si la peur de perdre pour toujours un être cher, la perspective de plénitude éprouvée au détachement d’un autre, toxique/parasite, ou enfin la satisfaction toute simple de me retrouver seule avec « mon vrai moi », m’amènent à poser par les mots tout ce que j’ai dans mon cœur et sur ma conscience. Tel un impact entre mes sentiments et la réalité. Ceux que je ressens sans pouvoir les exprimer, comme s’ils étaient emprisonnés, et qui trouvent la voix de l’évasion au moment du détachement.
    
    Parlant de coïncidences, Monsieur, et pour revenir à votre lettre, je lis « l’Aleph ». Les lignes et philosophies de Paulo Coelho m’accompagnent et me renvoient au souvenir de nos correspondances. Celle, notamment, où nous évoquions d’autres vies que nous aurions vécues ; dans lesquelles nous nous serions ...
    ... connus.
    
    Souvenir immatériel, certes, mais rempli de réalité et, je l’espère aussi(en tout cas, j’aime m’en persuader), de sincérité. Aussi flous qu’une silhouette au travers d’un vitrage translucide, ce sont vos traits que je dessine au gré de nos échanges, car il faut bien donner une image, sans doute idéale, pour donner un soupçon de chair et de vie.
    
    S’agissant des échanges charnels, sachez que pour moi, Monsieur, ils sont une poésie, plus qu’une fantaisie. Fantaisie est affaire d’une nuit, tandis que poésie serait celle d’une vie. À ce jour, aucun n’a été digne de poésie. Souvenez-vous que je suis une jeune femme aux airs faciles, mais à la réalité difficile. Même si je m’amuse, avec un semblant de nonchalance ou d’impudeur, il n’en reste pas moins un acte pur et intense, qui ne se mesure pas dans le temps, mais par la force qu’on lui accorde.
    
    Pour en revenir à vos attaches : des regards, durant mon périple, il y en a eu à chaque rencontre, d’une rare authenticité. De ces gens qui n’ont plus que cette reconnaissance comme raison de survie et rendent ainsi leur quotidien vivable. Des pensées aussi, pas forcément liées aux précédents ; sinon, elles resteront un mystère. Traversant la Méditerranée, bravant les conflits, elles étaient agréables et douces à imaginer, dans l’attente de mon retour. Aussi douces que le velours, d’un amant impatient de me retrouver pour m’enlacer, m’étreindre, me faire fondre de plaisir, torturé par la séparation. Vaste programme…
    
    Pourtant, je reste ...