1. Séparation attachante


    Datte: 16/05/2025, Catégories: vacances, voyage, telnet, cérébral, revede, nopéné, nonéro, tutu, lettre, lettres, Auteur: Nycthémère, Source: Revebebe

    Ainsi, Madame, vous partez. C’est ce que vous avez glissé, entre deux messages, sur le forum où je vous ai connue. J’ai la fatuité de croire que cette information était un peu pour moi. Merci pour ce clin d’œil.
    
    Vous avez juste omis de préciser la durée de cette absence. Sans doute, supposez-vous que cela m’importe peu. Est-il nécessaire de vous avouer « urbi et orbi » que, pour moi, cet éloignement a valeur de séparation ?
    
    Non que je puisse être jaloux de qui vous allez rejoindre. Vous ne cachez pas que l’intimité masculine vous est agréable, et je vous suppose la faculté de faire s’agiter une forme ou une autre de virilité entre vos reins, ou/et quand il vous plaît.
    
    Que le souvenir de votre dernier amant, l’impatience du prochain ou la superposition de quelques aventures récentes s’imposent, et déjà vous devez avoir quelque troublant visage, la chaleureuse sonorité d’une voix ou l’évanescence d’un désir à glisser sous vos doigts. Je vous sais assez d’imagination pour vous en régaler. Je vous en suppose même friande, au cours de vos nuits de solitude.
    
    Mais cela ne suffirait pas à faire de votre absence une séparation. C’est plutôt la perte de vos petits signes de vie qui en sera la cause. Le manque de ces messages finement ciselés, qui me font croire qu’à l’instant où vous les rédigez, mon immatérialité s’est insinuée dans votre réalité. Qu’avant d’envoyer ces lignes, anodines, lourdes de sens, pudiques ou plus évocatrices, vous m’avez laissé pénétrer en vous ! ...
    ... Certes, pas de manière à faire monter une vague de chaleur au creux de votre ventre. Nous ne nous connaissons pas assez pour cela. Mais assez pour entretenir notre complicité. Celle-là même qui me donne un agréable surplus de vie dans les arcanes de votre toile.
    
    Ne plus avoir ces messages, Madame, et ne pas savoir jusqu’à quand, voilà à quoi me condamne votre départ, voilà ce qui ressemble à une séparation.
    
    Alors, je me dois de vous informer que, pour conjurer le sort, j’ai déposé trois choses dans vos bagages. Trois attaches, aussi légères que celles qui retiennent les dessous que je vous imagine porter sur les sentiers de vos corps-à-corps. De celles qu’un simple baiser suffit à dénouer. Trois infimes traces, aussi virtuelles que nos échanges, sous forme d’un regard, d’une pensée et d’une douceur.
    
    Des regards, vous en provoquerez sans doute des dizaines au cours des prochains jours. Des pensées, encore plus, et de bien plus licencieuses. Quant aux douceurs, je vous souhaite de trouver le temps et les mains pour vous en gaver. Cela ne m’empêche pas pour autant de vous jeter ces sortilèges, par bagages interposés. J’ai veillé à ce que ces respectueuses intentions ne prennent pas trop de place. Elles sauront rester discrètes et ne contrecarreront aucun débordement sensuel, si fugitif soit-il.
    
    En revanche, si la curiosité ou une solitude passagère vous donnait envie de les découvrir, alors amusez-vous à imaginer ce qu’elles pourraient bien être, à partir de ce que ...
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