0310 Un coup de tonnerre déchire l’horizon.
Datte: 12/05/2025,
Catégories:
Entre-nous,
Les hommes,
Auteur: Fab75du31, Source: Hds
... que l’écran s’éteigne à nouveau. Je rappuie alors sur le bouton vert, l’écran se rallume, la même mention s’affiche à nouveau. Je répète l’opération une bonne dizaine de fois. Juste avant que l’écran ne s’éteigne pour la dernière fois, j’ai lu l’heure : 00h14. Ça fait donc une demi-heure que je fixe l’écran et son prénom en essayant de me décider au sujet de quoi faire. Chacune des options semble me demande un effort surhumain.
Et pourtant, ne rien faire, ignorer son coup de fil et son message, ignorer ses mots et ses hésitations, son humilité et son mea culpa, me paraît encore plus inimaginable. Je ne pense qu’à ça, je ne pense qu’à lui. Dans ma tête, dans mon cœur, dans mon ventre, ça tourbillonne méchamment.
Puis, à un moment, je ferme les yeux, je prends une grande respiration, je porte le téléphone à mon oreille. Et j’appuie sur le bouton vert d’un geste précipité, presque violent. Parfois il faut arrêter de penser et agir.
La première sonnerie retentit dans mon oreille. J’ai l’impression que mon cœur va exploser. J’ai l’impression de faire une connerie, j’ai l’impression de trahir Ruben, et je m’en veux. Et pourtant, je laisse sonner.
Chaque sonnerie dans le vide est un nouveau coup de poing dans le ventre. Je suis comme en apnée, je me demande bien ce que je vais pouvoir lui dire, et de quelle façon. J’ai envie de raccrocher, mais je n’ose pas, c’est trop tard. Je commence à espérer tomber sur sa messagerie. C’est trop dur tout ça, trop difficile, trop ...
... douloureux. Je me dis que ça va être plus simple de parler à une machine qu’au gars que j’aime.
« Ecoute Jérém, ça fait des mois que tu ne m’as pas donné de nouvelles. J’ai respecté ton besoin d’être seul, et je commence à m’en faire une raison. Alors, ne gâche pas tout. Ne me donne pas de nouveaux espoirs que tu briseras un jour ou l’autre. Ne m’appelle plus, s’il te plaît. Je t’ai beaucoup aimé, et je t’aimerai toujours. Mais à l’évidence, je n’arrive pas à te rendre heureux. Alors, essayons d’être soyons heureux chacun de notre côté. Bonne chance, P’tit Loup. Enfin, non, bonne chance Jérém. »
Mais le destin en décide autrement.
« Ah Nico ! C’est cool que tu me rappelles… »
C’est au bout de nombreuses sonneries que ça décroche enfin. J’ai l’impression que mon cœur a cessé de battre, j’ai l’impression de m’étouffer. J’ai la tête qui tourne.
« Désolé de t’appeler si tard… je t’ai pas réveillé au moins… ?
— Non ça va.
— Bon anniversaire ! »J’ai envie de pleurer, et je me retiens de justesse.
« Merci…— Comment tu vas ?
— Ça va… » j’arrive à lui glisser, complètement en apnée.
Après quoi, mon cerveau se met en mode veille et je n’arrive plus à construire la moindre phrase dans mon esprit ni à débiter le moindre mot. Je suis en état de paralysie de l’élocution. Le silence s’installe et devient vite gênant.
« Nico… je sais que je n’ai pas donné de nouvelles depuis un bail je comprends que tu m’en veuilles… »Oui, je lui en veux de m’avoir laissé des ...