1. Le sac à main


    Datte: 08/05/2025, Catégories: fh, prost, gros(ses), grosseins, complexe, hotel, cérébral, Auteur: Moctezuma, Source: Revebebe

    ... et enfin défaire le bouton pression pour accéder aux trésors du sac.
    
    Sa propriétaire est manifestement de religion bordélique. D’après la loi générale de l’accumulation domestique, selon laquelle il est toujours plus facile de mettre quelque chose dans un sac que d’en ressortir un objet précis, un joyeux petit bazar peuple ce cabas. Mais il faut de la méthode à un détective ! Alors, Thomas entreprend une exploration systématique du sac. Les objets les plus souvent utilisés sont normalement sur le dessus, alors que les autres glissent dans ses profondeurs. Si loin, parfois, qu’ils finissent par se faire oublier, formant une couche sédimentaire, sorte de royaume ténébreux des petites choses inutiles ou secrètes. Ainsi Thomas sort successivement : un crayon Faber-Castell, un bâton de rouge à lèvres à peine entamé, un roman policier, deux trombones un peu tordus, un carnet vide avec quelques pages arrachées, une pochette cartonnée, et un appareil photo Nikon sans carte mémoire. Dans la poche latérale, il trouve un paquet de chewing-gum, un tampon hygiénique, un second crayon et enfin, soigneusement pliée, une culotte vert émeraude, La Perla, en satin.
    
    Thomas s’empresse de refermer le sac. Le mystère s’épaissit. Il n’y a là aucun indice qui permettrait d’identifier la propriétaire. Quelle femme porte un sac sans portefeuille, sans carte d’identité, sans porte-clés avec photo, sans adresse ou facture, sans téléphone ? Voilà qui complique son travail d’enquête ! Son dernier ...
    ... espoir réside dans la pochette cartonnée qu’il ouvre le cœur battant. Il y découvre un dépliant de deux pages, format A5, d’un grammage épais de qualité. Sur la page de couverture est indiqué :
    
    Thomas retient son souffle et tourne la page.
    
    Gare Rosa Parks. Samedi 13 juillet. 18 h 43. La succession des bips annonce la fermeture des portes. La rame n’est pas pleine : le sens Paris-banlieue n’est pas le plus prisé le samedi soir. Claire peut poser sa valise-cabine sur le siège d’à côté et son sac sur ses genoux. Une petite masse familière qui la réconforte, et lui donne un peu confiance. Comme Grace Kelly qui se protégeait des flashs des paparazzis derrière son sac Hermès. Ce cabas, elle y tient beaucoup. Cinq ans, déjà, qu’elle l’a acheté. Un vrai coup de foudre devant la boutique. Et un loyal compagnon à qui elle n’a jamais fait d’infidélité.
    
    Ses jambes ont arrêté de flageoler, mais son cœur ne veut pas cesser de tambouriner dans sa poitrine. Que diable allait-elle faire dans ce RER ? Dans quoi s’est-elle embarquée ? À chaque arrêt, la tentation renouvelée de prendre son sac et ses jambes à son cou… et de laisser cette valise derrière elle, mais maintenant qu’elle y est, elle n’abandonne pas. En tout cas, c’est ce qu’elle essaye de se répéter en boucle.
    
    Alors que fait-elle au juste dans ce RER, les joues pourpres et la valise pleine de lingerie ? Elle a rendez-vous pour un "shooting photo lingerie". Nocturne. À Tournan-en-Brie. Chez un photographe de mode. Qu’est-ce ...
«1234...21»