Le sac à main
Datte: 08/05/2025,
Catégories:
fh,
prost,
gros(ses),
grosseins,
complexe,
hotel,
cérébral,
Auteur: Moctezuma, Source: Revebebe
Avertissement : Un long texte qui nécessite l’effort d’une lecture posée et attentive. Toutes mes excuses ! Et mes remerciements aux lecteurs courageux.
Pour F.
Il y a dans les territoires de l’imagination, derrière les châteaux, les planètes, les voyages, après les victoires au loto et les promotions, certains chemins qui s’aventurent plus profondément vers le bord du royaume, longent la jeunesse éternelle et les amours cachés, et débouchent sur une crique reculée ou un jardin secret : c’est le pays des fantasmes. Il est facile de l’encercler de longs grillages et d’en jouir égoïstement lors de promenades solitaires. Plus rares sont les courageux qui osent entrouvrir les grilles de leur patrie intérieure, car il leur faut affronter la pudeur, le doute, la peur du ridicule et de l’incompréhension. Mais même les plus braves ont besoin d’un petit coup de pouce du destin…
Gare de Tournan. Dimanche 14 juillet. 5 h 22. La succession des bips annonce la fermeture des portes. 51 minutes de RER jusqu’à Paris Saint-Lazare. Dans ce que la République française a de mieux à offrir à ses voyageurs : la fameuse rame automotrice de dernière génération Z 50 000 de Bombardier. Son aménagement monospace à plancher plat intégral permet une circulation fluide grâce à des salles ouvertes d’une voiture à l’autre par une interconnexion large permanente. Thomas soupire. Cinq ans au Service transports collectifs ferrés de la région Île-de-France, ça vous ronge le cerveau. Même la nuit, il ...
... pourrait devenir un prospectus somnambule !
Mais ce dimanche, personne d’autre que lui pour profiter des conforts de la rame. Quel imbécile viendrait massacrer son week-end de la sorte ? Le cœur a ses raisons qui ignorent le sommeil…
Alors qu’il va refermer les yeux pour rattraper les minutes de repos volées à la nuit, son regard se fixe soudain sur un objet, à une quinzaine de mètres, qui trône sur le tissu en velours anti-lacération d’un des sièges. Un sac. Un sac à main. Thomas se lève pour balayer la rame du regard. Personne. Bizarre !
Il n’est pas vraiment inquiet – le RER vide de 5 h 22 n’est pas très propice à l’attentat – juste un peu déconcerté : comment ce sac a-t-il pu atterrir là ? C’est le premier voyage de la journée… Et où est donc sa propriétaire ? Il n’y a pas de toilettes dans ces modèles de train, soi-disant pour gagner de la place, en réalité réduire les coûts de nettoyage.
Ozoir-la-Ferrière. Personne ne monte. Thomas va s’asseoir en face du sac à main. Il prend le temps de l’observer en détail. C’est un sac cabas. La longueur des anses permet de le porter aussi bien à la main qu’à l’épaule. Un cuir lisse et robuste compose la base de l’objet. Le reste est formé d’un cuir de velours, rouge carmin, plus souple. Thomas passe les doigts sur la matière, un peu usée, mais de qualité. C’est vraiment un beau sac. Féminin, élégant, pratique. Il a dû coûter assez cher, mais n’est signé d’aucun logo. À quel genre de femme peut-il bien appartenir ?
Ce ...