1. L'amour tue-t-il ?


    Datte: 25/04/2025, Catégories: fh, hagé, médical, jalousie, cérébral, confession, Auteur: Elodie.S, Source: Revebebe

    ... Vous savez Jean Philibert, je n’ai jamais tué personne, je ne sais pas si au dernier moment j’aurais le courage de…
    — Vous ne devez pas penser à des mots tels que « tuer », « assassiner », « meurtre », vous devez vous dire qu’il part au paradis, bien heureux, grâce à nous. Vous devez vous dire qu’aujourd’hui, il souffre, et le laisser en vie dans cet état d’infirme grabataire ne fait qu’ajouter des supplices à son calvaire quotidien.
    
    Lorsque Jean Frédéric me voit, un sourire radieux éclaire son visage de vieil homme. Il est presque beau avec son visage déformé par toutes ses rides, témoignages de l’usure du temps et de l’expérience du monde. Une encyclopédie souriante, comment pourrai-je ? Il sait que c’est le jour de la tour Eiffel, mais ça pour moi cela devient de plus en plus impossible au fur et à mesure que j’évolue autour de lui, avec mes projets meurtriers.
    
    Il me laisse nettoyer le sol, les carreaux des fenêtres, la cuisine, je sors la bouteille, je remplis un verre de cette eau citronnée, je les place en évidence sur la table de salle à manger. Nerveuse, je m’active inutilement en refaisant ce que j’ai déjà fait, je n’arrive pas à me décider à lui tendre son verre d’eau citronné, je pense à mon propre grand-père. Non c’est trop horrible, je n’y arriverai pas, mon tourment empire de minute en minute.
    
    Il est onze heures trente, l’heure de la toilette, il se laisse faire comme un amour et ces instants d’intimité me plongent dans de terribles cauchemars. Il me ...
    ... dit ensuite qu’il a une faim de loup, qu’il va devenir cannibale et me dévorer toute crue, en gardant ma poitrine pour le dessert, si je ne me dépêche pas à lui préparer son T-bone 800 grammes. Il plaisante comme il peut, car en guise de T-bone 800 grammes, je lui confectionne une patate et une carotte bouillies avec un quart de poisson pané. Ses plaisanteries m’entraînent au bord des larmes et je ne me résous pas à arroser son déjeuner d’eau citronnée comme je l’avais prévu. Je l’aide à s’approcher de la table de la salle à manger, il renifle son déjeuner avec dégoût, me regarde, et je peux lire sur ces lèvres :
    
    — C’est dégueulasse !
    
    Je lui souris tristement. Puis gaiement, il me fait signe d’approcher et me susurre à l’oreille qu’il mangera après la tour Eiffel. Ce détail m’était totalement sorti de l’esprit et je n’ai pas, mais alors pas du tout, la tête à ça.
    
    Je lui réponds sèchement par la négative, il se fâche, il me reproche d’avoir déjà repoussé mon devoir la veille et d’avoir espacé volontairement ces instants de plaisirs au cours des semaines passées. Je lui réponds sur le même ton que ce n’est pas un devoir. Comme j’ose lui répondre, cela le rend furieux, il essaie de hausser le ton comme il peut. D’un geste incroyablement vif, il tente de m’arracher le collier de sa femme en me traitant de salope, il m’affirme qu’il ne me garde ni pour mon ménage ni pour ma cuisine, que je fais très mal, mais uniquement pour les fellations et que c’est à peu près la seule ...
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