Mémento (1) - Histoires de Sexe

Mémento (1)

... subconscient m’empêchait de découvrir son identité.

Je connais son nom, mais je ne m’en rappelle pas, et même si je ne peux pas dire à quoi elle ressemble ni son nom, je sais que c’est toujours la même.

Je ne vois rien d’elle, aveugle à son physique, je ne vois que les moments que je partage avec elle, de petits moments singuliers comme lui préparer le petit-déjeuner, discuter jusque tard le soir avec elle, passer des bons moments à deux.

Même lorsque j’essaie de la regarder, je ne vois que des couleurs, son grain de peau, comme si mes yeux étaient attachés à des jumelles bien trop puissantes pour pouvoir la décrire.

Non, la seule chose qui m’était permis d’elle, c’était cette sensation en lui caressant les cheveux, le contact de nos peaux lors de moments intimes, le goût sucré de ses lèvres quand je les presse contre moi.

Je n’ai jamais eu la moindre idée de ce à quoi elle pouvait ressembler, sa couleur de cheveux, ni même sa carrure.

Je ne pouvais simplement pas rêver de ce qu’à quoi elle ressemblait.

Mais lorsque je t’ai vue cette fois là, pour la première fois, je me suis dit que je pouvais au moins en avoir une idée.

Je me suis aussi dit, pour la première fois, que je pouvais chuter.

Le temps s’était figé depuis une éternité déjà, le soleil lui commençait à se coucher, faisant fi des règles de l’univers que nous avions construites.

Mais nous ne nous en rendions pas compte.

Nos discutions toujours, s’explorant l’un l’autre, entrecoupé de ...

... légers rires, de doux pouffements.

Je ne sais plus de quoi nous parlions. Mais il fut ce moment, au détour d’une blague, où nos regards se sont croisés une nouvelle fois.

Celui-ci était, tout à coup, devenu différent.

Dès cet instant, nous avions cessé de parler, arrêté de rire. Le bruit ambiant s’était subitement ténu, les criquets s’étaient tus.

Dès cet instant, l’espace lui-même s’était coupé de nous, nous n’étions plus que dans une bulle, un nouveau monde où on ne subsistait que notre regard à quelques centimètres l’un de l’autre.

Plus rien ne comptait, ni les arbres, ni le soleil éclairant ses derniers rayons de soleil, ni l’univers tout entier. Nous avions eu soudain notre propre univers.

Nos regards étaient intenses, tu mordillais légèrement tes lèvres, dessinant un léger sourire assassin.

Face à ce sourire, mes pensées n’étaient plus, mon cerveau éteint. Seuls nos esprits étaient acteur de cet instant. Et le mien, somnambule, ne voulait plus que presser mes lèvres contre les tiennes.

A ce moment, tu remontes ta jambe sur la mienne, caressant ma cuisse comme pour me donner l’accord que tes yeux et tes lèvres avaient déjà donné.

Nos visages se rapprochent, doucement, mutuellement envoûtés l’un l’autre comme si le destin lui-même en avait finalement décidé ainsi.

Une distance de quelques centimètres, mais qui paraît durer une autre éternité. Inéluctable, probablement fatale.

Nos yeux sont fermés, cet univers qui est le nôtre disparaît, ...