Mémento (1) - Histoires de Sexe

Mémento (1)

Je m’en souviens comme si c’était hier.

Je me souviens du jour où je t’ai vu pour la première fois.

Mais surtout, je me souviens du jour où je t’ai réellement vu.

Je me souviens de ce jour où j’ai vu la Karina derrière la Karina.

Ce jour-là, je l’ai même vue deux fois.

Ce jour où j’ai chuté pour toi.

C’était un après-midi d’été, accompagné d’un ciel bleu et d’un vent rafraîchissant.

Nous étions au parc, allongés tous les deux dans l’herbe à regarder les nuages. Ta tête sur mon torse alors que ma main te caressait l’épaule et la tête, pensivement.

J’étais arrivé dans la ville deux jours auparavant. On aurait dit que cela s’est fait sur une impulsion inattendue, inéluctable : l’envie brûlante de voir qui tu étais ? Le désir ardent de mieux comprendre ta personnalité ? Une simple attirance physique, si forte que je n’ai pu m’empêcher à faire tout ce chemin ? Un peu des trois ?

Je ne le sais pas, je ne le saurais probablement jamais, mais après tout ce temps, avec le recul des mois, des années, je ne le regrette pas.

Est-ce vraiment possible de regretter une chose pareille ? Impossible sans regretter aussi la personne que ça a fait de moi. C’est interdit, ce sont contre mes règles.

Le premier jour était un peu chaotique. Il est facile de réfléchir à chacun de ses mots à l’écrit, de pouvoir effacer -après réflexion- un mot tendancieux, le mot de trop, le mot déplacé.

Ça l’est beaucoup moins quand l’objet du désir est à 30 centimètres de soi. ...

... Bien entendu.

Mais bon, ce n’était que le début, j’étais un peu hésitant, peut-être même gauche. Comment ça aurait pu en être autrement avec une créature telle que toi, si proche de moi ?

Cela n’a duré qu’un petit moment, peut-être les premières heures. Tu étais tel que je t’imaginais : souriante, élégante, drôle, magnifique et faire une liste nécessiterait tous les mots que je connais. Le courant passait de mieux en mieux, les regards étaient de plus en plus soutenus, nos discussions de plus en plus vives. Tu semblais être un monde à toi seule, peut-être même un univers. Qui sait ?

Le premier jour était... pudique ! Nous nous touchions à peine, nous craignons tous les deux d’aller trop vite, de faire un geste déplacé.

Peut-être même, craignons nous aussi de risquer que le simple contact, le moindre effleurement, fasse disparaître l’autre comme s’il n’était qu’un mirage.

Un de ces mirages, bien trop parfait pour être réel.

Mais cette timidité, cette hésitation n’a pas duré. Le deuxième jour semblait avoir rompu nos inquiétudes quant à la réalité de cette rencontre si improbable. Puis nos gestes, notre comportement l’un envers l’autre évoluèrent naturellement.

Les simples frôlements passaient à des caresses sur le dos de la main.

Les simples coups d’œil passaient à des regards intenses, passionnés, puis coquins.

Les simples rapprochements passaient à des accolades, puis à des enlacements.

De simples connaissances, nous passions, pas à pas, à des ...