1. Les roses


    Datte: 21/04/2025, Catégories: fh, hdomine, revede, conte, fantastiq, contes, Auteur: Maryse, Source: Revebebe

    ... journée, elle vaqua à ses occupations sans pouvoir se défaire de son espèce de malaise dont elle ne trouvait pas l’origine. Le moindre bruit la faisait sursauter, la moindre contrariété l’irritait. Elle se sentait les nerfs à vif, prête à exploser à tout bout de champ. Elle se contint toute la soirée pour ne pas faire d’esclandre et finit par aller se coucher toujours aussi tendue…
    
    — Tu n’as pas l’air d’être dans ton assiette. Tu as des soucis ? s’enquit son mari, allongé à côté d’elle dans le lit.
    
    Cette sollicitude l’agaça et elle lui tourna le dos sans répondre. Elle se raidit lorsque celui-ci se blottit contre elle et posa la main sur sa hanche pour la caresser sensuellement. Elle s’efforça de ne pas réagir, de ne pas le repousser. En restant passive, il finirait bien par se lasser, se dit-elle en faisant un effort sur elle-même pour ne pas l’envoyer bouler.
    
    — Que se passe-t-il, Maryse ? Parle-moi…
    — Rien, je suis juste fatiguée… Laisse-moi dormir… Cela ira mieux demain.
    
    Sa réponse était abrupte. Elle n’avait rien trouvé d’autre et voulait mettre fin à toute discussion. D’ailleurs, qu’aurait-elle bien pu dire ? Comme elle s’y attendait, son mari finit par s’éloigner en grommelant des mots inintelligibles. C’était son problème s’il avait envie de faire l’amour, songea-t-elle en fermant les yeux. Faire l’amour… cela faisait bien longtemps qu’ils ne l’avaient pas fait. Leurs rapports sexuels tenaient plus du besoin de se soulager que d’être vraiment ensemble, ...
    ... de se retrouver. Un acte purement physique sans romantisme ni passion !
    
    Un cri d’agonie la tira de son sommeil. Elle ouvrit les yeux et constata avec stupeur qu’elle n’était plus dans son lit, mais dans le hall d’entrée du manoir de la bête. Elle frissonna de peur, mais aussi de froid. Tout semblait glacé, privé de vie. Elle regarda tout autour d’elle. L’immense porte en bois était restée ouverte. Le jardin, illuminé par le clair de lune blafard, semblait lui aussi mort. Les roses moribondes jonchaient le sol. Comme chez la fleuriste du marché, se remémora-t-elle. Tout semblait à l’agonie. Intriguée, elle lança un regard craintif en haut de l’escalier en se demandant où se trouvait la bête. Elle ne percevait aucun signe de sa présence. Contre toute logique, une étrange appréhension l’assaillait.
    
    Était-elle stupide à ce point de se soucier du sort de la bête ?
    
    Quelque chose de plus fort que la raison la poussait à aller voir ce qui se passait. Son intuition lui disait que la bête était malade. Elle se rappela brusquement les propos de celle-ci : en cueillant les roses du jardin, on m’ampute d’une partie de moi et je dois me régénérer en absorbant une portion de la vitalité de celui qui a commis cet acte. Elle restait indécise. Ne devrait-elle pas profiter de la situation pour s’en aller et mettre un point final à toute cette histoire abracadabrante ? Elle n’arrivait pas à s’y résoudre. Comme si quelque chose de plus fort qu’elle la retenait. Au bout d’un moment, ses ...
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