L'album photo d'Anne 1
Datte: 10/03/2025,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
Auteur: Laetitia sapho, Source: Hds
... photographie.
Mes parents n’étaient pas forcément enchantés, ils me voyaient plutôt épouser un notable, devenir mère de famille. Au pire, si je devais embrasser une carrière, avocate ou pharmacienne. Par contre, je les remercie de m’avoir permis de réaliser mon rêve. De m’avoir autorisé, même. À l’époque, l’autorité parentale, c’était autre chose qu’aujourd’hui, notamment pour une jeune fille. Sans leur accord, jamais je n’aurais pu intégrer cette école. Et puis la majorité était à 21 ans à ce moment-là.
- Et tu n’as jamais eu peur Mamie de partir comme ça, seule à travers le monde ?
- Eh bien, non, mentis je. Déjà, je n’étais jamais seule, j’étais toujours avec mon fidèle compagnon, mon alter-égo…- Comment ça Mamie ?
- Mon appareil photo. Mon premier était un Nikon F, appareil qui deviendra plus tard emblématique. Je l’ai toujours mon premier. Il deviendra l’appareil des photographes de presse, notamment au Vietnam. Saviez-vous qu’à l’origine, il était argenté. Les photographes ont demandé à Nikon de le faire en noir. C’était beaucoup moins dangereux pour eux, sur le terrain, au Vietnam, ou ailleurs.
Je l’ai acheté d’occasion mon premier. Toutes mes économies y sont passées.
Je l’avais toujours avec moi, partout où j’allais.
Faire une bonne photo est avant tout une affaire de chance. C’est ce que m’avait dit le vieux photographe de ma petite ville de province. Être au bon endroit, au bon moment. Sentir l’atmosphère, avoir l’instinct quoi, être sur le ...
... qui-vive.
Avoir l’œil aussi. Qu’est-ce qui différencie le photographe pro et l’amateur ?
- Euh, je ne sais pas…- Avoir l’œil Mamie ? Comme tu dis !
- Mais non, la technique, savoir utiliser son appareil !
- Bien sûr, il faut ça… Mais ça ne sert à rien, si on n’a pas son appareil sous la main. Pour un bon photographe, c’est une extension naturelle à la main. Repérer le bon angle et appuyer sur l’obturateur sans se préoccuper de la mise au point.
On se s’occupe vraiment de la qualité de la photo que lors de la deuxième prise de vue, si on a le temps d’en faire une autre. Pour la première, on y va sans se poser de question. La scène que l’on a sentie peut avoir disparue. La chance et le flair, c’est ça qui fait un bon cliché. Rien d’autre. Être là quand il faut et appuyer sur l’obturateur au bon moment.
À l’époque, bien sûr, pas de numérique, pas de Photoshop. On se rendait compte de la qualité d’une photo seulement au développement. Après. C’est aussi pour ça que les clichés qui ont marqué l’histoire de la photographie de presse, ne sont pas les meilleurs techniquement parlant. On va dire que j’e, ai manqué un certain nombre dans ma carrière.
Mais je reprends mon histoire. Nous étions au tout début 1968. J’étais diplômée, j’avais mon Nikon, j’avais 21 ans, l’âge de l’insouciance et surtout de la majorité à ce moment-là.
À l’époque, la société était fermée. Dominées par les hommes, les femmes étaient sous l’autorité de leur père puis de leur mari.
Je ...