Les derniers soupirs - Histoires de Sexe

Les derniers soupirs

... étrangère dont parlaient les documents de l’Aristo ?
— Oui. Oui, mais je t’ai aimé, comme j’ai déjà dit. Et je jouais double, je jouais triple, je ne sais plus : ma principale mission, donnée par mon propre Service, était de l’abattre, lui, Richard. Il en connaissait trop sur les agissements de notre gouvernement : il fallait que je le discrédite, quitte à le faire disparaître. Je me suis donc rapproché de lui, il m’a recruté… et lui, et bien, il voulait que je te brûle… il connaissait tes points faibles, il me les a dits, j’en ai alors profité…
— Donc notre rencontre au bar, avec nos amis communs, Carl, Max, cette rencontre n’était pas fortuite, n’était pas due au hasard ?
— Non, elle faisait partie de son opération spéciale…
— C’est donc pour ça que je n’ai jamais eu de réponse lorsque j’ai demandé au Service d’officialiser une liaison avec toi…

Il y a eu un silence dans l’AirBnb : je m’étais fait flouer par celle que j’aimais, Malika, avec son long tatouage en forme de licorne sur son corps. J’aurais dû m’en douter, les documents de l’Aristo l’évoquaient, avec son signe distinctif !

— Pardonne-moi, mais c’est là que je me suis mise à jouer un quatrième jeu… quand je me suis mise à t’aimer. J’ai espionné Richard à son tour…

Elle s’est tournée vers Éric, lui sourit :

— J’étais là à votre rencontre au café, tous les matins. Je vous ai suivi lorsqu’il t’a invité dans sa planque. La nuit suivante, j’ai installé des caméras qui détectent les mouvements, j’ai tout ...

... sur mon ordi.

Éric a hoché la tête, comme s’il était déjà au courant. Raïssa a soufflé, ébahie : « J’aimerais bien voir ça ! » Malika a plongé ses yeux dans les miens, Charlène et Raïssa écoutaient attentivement ces révélations, Éric a pris la parole :

— Quand tu m’as parlé de Malika, la nuit de notre rupture, je la connaissais déjà : elle était venue tout me dire, peu de temps avant.

Un nouveau temps de silence. Alain s’est raclé la gorge puis s’est avancé d’un pas :

— Excusez-moi, mais… (il ne savait pas qui regarder, il était mal à l’aise), mais si je comprends bien… (il a levé sa main, a tendu son doigt, m’a pointé) lui… il a fait l’amour avec chacun de vous… c’est bien ça ?

Raïssa a éclaté de son rire de gamine que j’aimais tant et est venue enrouler ses bras autour de mes épaules :

— T’as tout compris ! C’est un sacré séducteur, ou séductrice, ça dépend !

Charlène a ri aussi de l’interrogation parfaitement normale d’Alain et nous avons pardonné à Malika qui avait pris notre camp et avait accompli sa mission en assommant Richard, une fois qu’il s’était confessé. Moi je me rendais compte, en regardant Alain, qu’en effet, il ne restait plus que lui à me faire pour avoir baisé tout le monde dans cette pièce…

*

Soleil de fin de soirée, Raïssa écrase sa clope dans le cendrier et entre dans l’appartement. Charlène vient de nous confirmer les accusations portées contre Richard. Malika se réjouit :

— Il faudrait bien fêter ça, non ?
— Oh que oui ! ...