Une vie nouvelle - Histoires de Sexe

Une vie nouvelle

... vers Victor et retourna son attention sur la grande femme brune.

— Tu veux quoi, toi ?
— Rester avec vous…

Les mots lui étaient venus à la bouche sans même qu’elle n’ait réfléchi à la question de son interlocutrice. Une Lilas qui paraissait soudainement un peu dubitative.

— Si vous acceptez que je reste… bien sûr…

La femme blonde semblait hésiter sur la conduite à tenir et Vic fit racler sa chaise en se levant.

— Tu répondras encore à quelques questions en mangeant avec nous. J’crois à ta chanson moi aussi, mais la confiance, ça s’gagne pas comme ça. Si on a confiance…Tu dormiras ici cette nuit et d’main, on ira au village. Mais c’est pas nous qui décid’rons si tu peux rester ou non.

Lyrie sentit son mal de tête reprendre vie et se contenta de hocher affirmativement la tête. La voix douce de sa voisine de table lui fit lever les yeux vers elle.

— On n’est pas assez nombreux pour r’fuser une nouvelle âme. Surtout une femme ! Tu racont’ras encore ton histoire au village. T’inquiète pas, va… Si tu veux rester, tu rest’ras !

La voix aigrelette d’Élias sembla tirer la tueuse de son rêve éveillé.

— T’as jamais mangé d’cochon, j’suis sûr…
— Non.

Lyrie et le garçon étaient restés dans le salon et Vic était parti faire une ronde de garde. Ils ne risquaient rien, mais selon Élias c’était une habitude qu’il avait gardé d’autres temps plus dangereux. Lilas, revenue de la cuisine d’où parvenaient des odeurs autant alléchantes qu’inconnues pour la tueuse, ...

... resta un moment debout, les mains sur les hanches, considérant avec attention cette inconnue venue d'un endroit dont elle ignorait tout sans un mot. Puis elle se décida à parler.

— Viens avec moi, ma grande. Tu vas t’débarbouiller et on pass’ra à table.
— Vous avez une citerne ?
— Oui. Écoute… Tu crains pas l’eau froide, si ?
— L’eau froide ? Non pourquoi ?
— Il est trop tard pour que j’te chauffe de l’eau. Tu prendras une douche froide si tu veux. D’main soir, t’auras droit à de l’eau chaude chez moi.
— J’ai lu tout ça… Mais je n’ai jamais pensé à me laver à l’eau chaude. L’eau chaude, c’est uniquement pour les soupes de chien, les ragoûts de viandes ou les tisanes.
— Ma pauvre chérie… Au village on a quelques chiens, alors ne va pas nous les tuer. Ils sont gentils.
— Comme dans les livres… Dans Paris, ils attaquent en bandes de trois ou quatre…
— C’est fini tout ça, ma grande.
— Je l’espère… Si votre village m’accepte.

Lilas laissa passer un sourire et fit signe à Lyrie de la suivre.

— Vic a dit ça pour pas t’donner d’fausse joie. Aux dernières nouvelles, nous sommes à peu près trois mille dans la région. Notre village compte cent cinquante-six personnes. On est pas seuls à décider, c’est vrai… Mais tu s’ras des nôtres ! Ou un autre village te voudras, c’est sûr. Ou c’est toi qui choisiras un autre endroit que l’nôtre. N’aie pas peur. Tu r’tourn’ras pas à Paris. Y a sept autres villages proches du nôtre où tu pourrais vivre…
— Sept villages ?
— Oui. Dans ...