Une vie nouvelle - Histoires de Sexe

Une vie nouvelle

... immobile qu’une statue. La femme blonde s’était encore avancée d’un pas vers la table et l’homme avait jeté un rapide coup d’œil sur Lilas et Élias. Il paraissait contrarié et si le garçon et la femme semblaient calmes, Vic lui, était tout aussi tendu que celle qu’il surveillait de si près.

— Allez ! Chante-nous ta p’tite chanson, ma jolie ! On verra c’qu’on f'ra d’ta carcasse ensuite…
— Hé ho ! On parle pas comme ça à une inconnue sans savoir…
— Elle a attaqué l’gamin !
— Oui et elle aurait pu l’tuer et elle l’a pas fait. Et l’jeune semble lui avoir pardonné. J’veux savoir pourquoi… Avant d’prendre une décision.

Lilas avait rejoint la chasseresse, cette fois sans que l’homme n’intervienne. Elle s’était assise à table et avait posé sa main sur le bras de la tueuse en lui souriant. Encore une fois, Lyrie en avait tremblé d’émotion et ses joues s’étaient empourprées.

— T’es jolie, mais maigre à faire peur… Tu vas nous dire c’que t’es v’nue faire ici et pourquoi t’as assommé Élias. D’accord, la grande ?
— Oui.

La blonde enleva sa petite main du bras qu’elle touchait et soupira doucement.

— Alors on va tous s’asseoir… C’est compris vous deux ! Et tu vas tout nous raconter…
— Oui. Je suis restée pour cela.
— Alors on t’écoute l’étrangère…

La dénommée Lilas sourit encore et croisa ses mains posées sur la table.

— Je m’appelle Lyrie. Lyrie Montmartre…

La prisonnière ne se contenta pas de s’expliquer sur les raisons de sa présence chez ces gens. De sa ...

... voix grave et un peu voilée, elle raconta tout de sa vie. Ce dont elle se souvenait de son enfance et des Parisii. Elle parla de la grande Bibliothèque de Paris. Elle expliqua tout de sa solitude et de sa survie parmi les chiens sauvages et les loups. Toute sa vie de survivante, de son enfance à son âge de femme, fut résumée en un long récit que personne jamais n’interrompit. À aucun moment on ne lui posa la moindre question. Quand enfin Lyrie Montmartre acheva son histoire, la nuit était proche de tomber.

Lilas avait quitté sa chaise et avait poussé un soupir à fendre l’âme.

— Quelle histoire… Bon ! T’as bien causé. Et moi j’te crois. On t’croit ! C’est compris vous deux ?

L’espace d’un instant, la tueuse sembla comme perdue puis, à son tour, elle laissa filer un profond soupir. Ce fut proche d’un gémissement de soulagement qui la détendit d’un coup. Elle ne s’était pas même rendu compte que Vic, à un moment de son histoire, avait enlevé son large chapeau et l’avait posé sur la table, comme il avait déposé son fusil debout et appuyé contre le mur derrière lui.

La chasseresse frémit quand la blonde prit sa longue main entre les siennes.

— T’as faim, Lyrie ?
— Elle a déjà bouffé du fromage et un gros morceau d’une miche de pain. Et elle a vidé une cruche de lait… Elle est p’t’être maigre comme un clou, mais elle cogne fort et elle bouffe comme quatre…
— J’ai faim, oui… Merci. Mais j’aimerais savoir… Qu’allez-vous faire de moi ?

Lilas jeta un rapide regard ...