1. Les petites stagiaires: Aglaé III,4


    Datte: 02/02/2025, Catégories: Entre-nous, Hétéro Auteur: Exorium, Source: Hds

    ... tu lis. De ce que tu aimes. De ce qui te fait vibrer ou te met en colère. Je sais que tu es mariée parce que tu portes une alliance, mais au-delà de ça… Enfin si ! Il y a quelque chose que je sais, de façon absolument certaine, c’est que tu n’es pas heureuse.
    
    – Et qu’est-ce qui te fait dire ça ?
    
    – Je me trompe ?
    
    – Personne n’est jamais tout à fait heureux ni tout à fait malheureux.
    
    – Tu ne réponds pas à ma question.
    
    – Parce que… que je sois heureuse ou non, tu t’en fous complètement au fond.
    
    – Absolument pas. Bon, mais c’est moi qui vais te parler de toi alors, puisque tu ne veux pas le faire. Quand tu es entrée dans la boîte, il y a douze ans, ça ne pouvait être, à tes yeux, que provisoire. Tes rêves étaient ailleurs. Tu voulais peindre. Ou écrire. Ou chanter. Ou voyager. Te réaliser en tout cas. Et tu étais convaincue que tu y arriverais. Il te fallait juste un peu de temps. Que tout se mette en place. Que tu fasses ton trou. En attendant, tu serrerais les dents. Tu prendrais ton mal en patience. Tu te lèverais tous les matins pour assurer ta subsistance. Quoi qu’il doive t’en coûter. Non ? C’est pas ça ?
    
    – Un peu…– Beaucoup, oui, tu veux dire. Seulement, douze ans après, tu en es exactement au même point. Tes rêves se sont effilochés. Tu fais encore semblant, mais tu n’y crois plus vraiment toi-même. Tu erres sans but. Ta vie n’a pas de sens. Tes journées s’enfilent les unes derrière les autres complètement désinvesties. Ton mari ? Lui aussi, il a eu ...
    ... ses rêves. Il a cru aux tiens. Tu as cru aux siens. Vous vous faites aujourd’hui porter mutuellement la responsabilité de votre échec. Plus ou moins consciemment. Vous êtes devenus deux étrangers l’un pour l’autre. Vous partagez le quotidien par habitude. Vous avez des rapports sexuels tous les tournants de lune. Sans véritable envie. Juste pour vous faire croire, l’un à l’autre, que vous formez encore un couple. Tu te surprends parfois à rêver qu’un amant te serre dans ses bras, qu’il brûle de désir pour toi, qu’il t’épuise de plaisir. Tu essaies de te faire croire que tu vas vraiment sauter le pas. Tu n’oses pas. De vieilles peurs, de vieux principes. Une idée de toi-même qui te colle à la peau. Tant que tu ne l’auras pas secouée, que tu ne t’en seras pas débarrassée…Elle s’est levée.
    
    – T’as vu l’heure ? Si on veut pas être en retard…On a remonté l’avenue côte à côte. En silence.
    
    Sur le pas de la porte, elle m’a effleuré le bras.
    
    – Merci.
    
    – De quoi ?
    
    – Merci.
    
    Mon portable dans la nuit. En sursaut.
    
    - Oui, Amandine. Qu’est-ce qu’il y a ? Qu’est-ce qu’il se passe ? Rien de grave ?
    
    – Oh, non ! Non ! C’est juste que j’avais envie de te parler. Je te réveille pas au moins ?
    
    – Ben, tu sais ! À deux heures du matin…– Déjà ! Excuse-moi ! J’en ai pas pour longtemps n’importe comment. C’est que j’étais en train de penser à quelque chose. T’as un gode ? Un gode anal ?
    
    – Pas sous la main, non.
    
    – Dommage ! On aurait pu s’entraîner ensemble comme ça, par ...