La rencontre - Histoires de Sexe

La rencontre

Ce samedi de juillet j’ai profité d’une météo encore clémente – la canicule étant annoncée les jours suivants – pour faire une bonne sortie à vélo. J’habite près de Tours, donc, direction la Loire. C’est plat, donc facile, et fréquenté, ça peut être l’occasion de rencontres…

Sur le chemin du retour, après avoir déjà fait plus de 70 km, à un carrefour, je vois deux jeunes femmes arrêtées avec des vélos bien chargés. Je m’arrête et leur dis :

— Comme vous êtes là, vous devez chercher le camping ?
— Euh oui, c’est loin ? Demande la blonde.
— À peine un kilomètre, vous venez d’où ?
— De Saint-Pierre-des-Corps, où nous sommes venues en train.
— Ça va, pas trop long alors, et vous allez où ?
— À Nantes, ensuite nous pensons pousser jusqu’à la mer, St Brévin ou Pornic, répond la brune.
— Chargées comme vous êtes ! Et en plus, même pas des vélos électriques.

Sur un ton un peu ironique :

— Eh oui, nous sommes sportives mais n’allons faire que quarante, cinquante kilomètres par jour.
— Ça doit pouvoir le faire, mais bon courage malgré tout !

Je les regarde d’un peu plus près, elles semblent avoir autour de la trentaine. L’une, blonde, est plutôt grande et athlétique ; l’autre, brune, plus petite et plus mince.

La blonde me demande :

— Le camping est bien ?
— Oui, je pense.
— Parce que les avis sont partagés, dit-elle en consultant son téléphone.
— Oh, pour une nuit, ça doit permettre de prendre une douche chaude.
— Même froide, ça ira ! ajoute la ...

... brune.
— Y a-t-il une supérette pas loin ? demande à nouveau la blonde.
— À 500 mètres du camping environ, dans le village.

Malgré la fatigue qui commence à se faire sentir, et sans réfléchir, je leur propose de les accompagner. Un peu surprises, elles se regardent rapidement et la blonde répond :

— D’accord, ça nous évitera de nous perdre.

Je leur avais pourtant indiqué la route à prendre en leur disant qu’ensuite il n’y en avait qu’une.

Un peu moins de 10 minutes après - elles n’avancent quand même pas bien vite ! - Nous arrivons devant le camping, et là, surprise, une grande pancarte accrochée à l’entrée porte la mention :

Nous étions passés devant et avions vu en effet quelques tentes mais aussi des gens du voyage qui profitaient de l’aubaine.

La blonde me demande s’il y’a un autre camping dans le coin.

— Oui, pas loin de chez moi, à environ neuf kilomètres, mais il est beaucoup plus cher.
— Tant pis, nous allons faire avec !

Je ne sais pas ce qui me passe par la tête ce jour-là quand je leur propose :

— je peux vous héberger pour cette nuit si vous voulez, j’occupe tout seul une grande maison.

Je me rends compte que j’ai oublié de me présenter : Yves, jeune retraité. Veuf avant même que ma femme ait accédé elle aussi à la retraite. Elle a trouvé la mort dans le crash d’un vol intérieur en Asie. Je ne l’avais pas accompagnée pour ce voyage car j’ai horreur de l’avion - À quoi tient le destin ! Deux grands enfants qui volent de leurs propres ailes ...