Amanda - Histoires de Sexe

Amanda

... d’aucune utilité, j’en profite pour régler les affaires courantes et la regarder à la dérobée. Elle est vraiment taillée pleine pulpe et pas du tout trafiquée. La beauté exotique à l’état pur. Putain, je suis en train de tomber amoureux, moi. Quand elle a terminé, nous retournons déjeuner ensemble, cette fois dans une brasserie franchouillarde. Aucune importance, je suis avec elle. Nous reparlons de la veille et de ce dîner, elle insiste sur le fait que ce qu’on a mangé était vraiment excellent, supérieur à la majorité des restaurants du Japon et pourtant si loin. Je m’aperçois soudain, en questionnant sur le prix, que je ne l’ai pas vue payer.

— Le prix est à la hauteur de ce que l’on a mangé. Imaginez que la plupart des produits proviennent du Japon par avion. Mais je n’ai pas encore payé, c’est pourquoi il faut que j’y retourne. Car, lorsqu’on a des invités, il ne peut pas se passer de transactions financières devant eux. Ce serait montrer l’effort que l’on fait pour leur plaisir et ça les mettrait dans l’embarras.
— Mais… ils vous font confiance ?
— Oui, bien sûr. Si vous voulez profiter encore de cette qualité, il faut bien payer pour pouvoir y retourner. Sinon vous perdriez tout respect de leur part. Comprenez-vous ces fonctionnements ?
— Je crois, oui. Je me laisse imprégner peu à peu. Je trouve cela fascinant et ces codes, ces règles qui régissent les rapports entre les personnes doivent être extrêmement structurants pour la société japonaise.
— Oui et ...

... non. Les jeunes ont tendance à les rejeter, car trop contraignants, notamment par rapport aux habitudes occidentales laxistes vues sur Internet. Mais il y a aussi et comme partout des bons et des mauvais, des gentils et des méchants. Ça n’empêche rien, mais ça rend effectivement les rapports sociaux plus policés.

Et dire qu’il me faut passer le week-end chez Édouard… Avec cette folasse de Mireille-Amanda qui va vouloir se faire sauter, c’est sûr. Un moment, l’idée me traverse l’esprit de l’emmener avec moi, mais elle refuse catégoriquement : ce serait presque officialiser une liaison qui n’existe pas, ça ne se fait pas.

— Je suis très attachée à ces codes sociaux du Japon que je défends bec et ongles. Sans eux, nous perdons notre identité, notre société s’écroule, et nous serons immanquablement absorbés par le géant chinois voisin. La société chinoise était également très codifiée avant Mao. Mais la révolution culturelle a tout fait voler en éclats. Résultat, ils se comportent sans règles et sans respect. Regardez ce qu’ils ont fait du Tibet, maintenant de Hong-kong. Ils en feraient de même du Japon. Ils ont quasiment annexé le Vietnam, Bientôt ce sera la Thaïlande, le Cambodge, le Laos, la Birmanie. Ils sont en train d’envahir l’Afrique, la Malaisie, d’acheter l’Europe… C’est un monstre tentaculaire que rien ne semble pouvoir arrêter. Nous résisterons.
— J’entends dans vos propos ressurgir la haine ancestrale Japon-Chine. Mais n’êtes-vous pas quelque part extrêmement ...