Joli Papa - Histoires de Sexe

Joli Papa

... récupérez votre part et moi, avec la mienne, je retape la grange pour m’y installer à demeure. Je serai là, mais sans vous emmerder.
— Mais tu ne nous déranges pas, au contraire tu rassures Valérie.
— Oui, c’est ça, comme un gros chien. Eh bien, le gros chien doit avoir sa niche, à côté de la maison ! Mais écoute, vous avez fait un gros emprunt, ça va bien vous aider, et puis quand je casserai ma pipe, vous récupérerez un bâtiment en bon état. Je me sens de taille à faire ça, et puis ça me donne un but dans l’existence. Au moins, je me sentirai utile au lieu d’être une charge. Déjà qu’on m’a déclaré inapte à reprendre le boulot à cinquante-deux balais, je vais pas me tourner les pouces en attendant la becquée.
— Bon, si tu y tiens… Val, tu en penses quoi ?
— Oh, moi, je dis qu’on ne savait pas quoi faire de cette verrue, alors ça me va.
— Affaire conclue. Mais je dois vous demander deux choses : un, l’autorisation de faire un potager.
— Tu as toute la place voulue. Si ça t’amuse… Et quoi d’autre ?
— Me donner un coup de main pour débarrasser la maison de Saint-Lô. Tout seul, avec tous ces souvenirs… je me sens pas capable…
— Bien sûr, on va t’aider. Hein, Val ?

Genre, je m’engage, mais tu vas assurer. Il est comme ça, Arthur, surtout depuis que je ne travaille plus. Mais bon, je ne vais pas me plaindre, je ne suis pas si mal avec lui. Ce n’est peut-être pas le paradis, mais ce n’est pas non plus l’enfer, y a pire…

Notre maison, c’est une ferme normande ...

... traditionnelle, pas à colombages, ça c’est en Haute-Normandie, mais en pierres de schiste gris-marron-rouge avec des ouvertures entourées de granit. Elle est construite dans un champ d’un hectare entouré de haies, au bout d’un chemin creux, maintenant goudronné. Ce genre de chemins que l’on trouve dans les régions de bocage, bordés de hauts talus de chaque côté surmontés de hautes haies. C’est charmant, mais il ne faut pas croiser quelqu’un, sinon c’est recul jusqu’à une entrée de champ.

Elle n’est pas immense, deux chambres et une salle de bains à l’étage, une grande cuisine et une pièce à vivre au rez-de-chaussée, une cave au-dessous. Mais pour deux, c’est suffisant. On a campé quelques mois, le temps de refaire peintures et papiers, et de vendre notre petit T1 bis de la périphérie de Rennes. Ici, on est plus tranquilles, et pour attraper la covid, il faudrait le faire exprès, on ne voit jamais personne. Confinement naturel. Arthur avait installé son « bureau » dans la deuxième chambre et bossait comme un dingue, essayant instinctivement de compenser son absence au boulot, et moi je continuais tranquillement les aménagements, la peinture, la décoration. Je jardinais aussi parce qu’il fallait le tondre, cet hectare d’herbe, une galère. Et puis j’essayais de faire pousser quelques fleurs près de la maison.

Le problème, c’est la grange. Un bâtiment qui n’est pas très grand, mais très abîmé, pour ne pas dire en ruine. Il est à quelques mètres et perpendiculaire à l’habitation, ...