Modèle, Photographe et Catalogues - Histoires de Sexe

Modèle, Photographe et Catalogues

... revendeur un peu voyeur sur les bords.
— Je vois que vous connaissez bien le sujet.
— C’est un peu normal, j’en vis.
— Eh bien, arrêtons-nous un peu, vous me raconterez ça.
— Est-ce bien nécessaire ?
— J’aimerais en savoir plus sur vous.

Je souris, je crois que j’ai fait une nouvelle touche. Égayée, je m’approche de lui, lui mettant le marché en main :

— D’accord, Richard, mais à la condition que tu me tutoies. Nous avons le même âge.
— C’est que…
— Tu dis « tu » et puis c’est tout. Dans le milieu, tout le monde se tutoie.

Il affiche un petit sourire crispé :

— Je n’appartiens pas au milieu artistique.
— Mais tu souhaites en faire partie, n’est-ce pas ?
— Comment savez… sais-tu ça ?

Le prenant par le bras, je l’entraîne avec moi vers la pièce voisine :

— Par Michel, bien sûr. Je sais aussi que ce catalogue compte beaucoup pour la suite des événements.
— C’est le moins qu’on puisse dire !
— Dans ce cas, nous allons donner le meilleur de nous-mêmes, n’est-ce pas ?
— Euh… oui…

Après nous être servi dans le frigo, nous nous asseyons :

— Puisque tu veux tout savoir, Richard, je vais commencer par le début : j’ai grandi dans un orphelinat, ce qui ne fut pas une partie de plaisir.
— Tu ne connais pas tes parents ?
— Non, pas du tout. Et ça ne m’intéresse pas plus que ça. Ils m’ont abandonnée alors que j’avais besoin d’eux. J’ai appris à me passer d’eux.

Il grimace :

— C’est triste.
— J’ai cru comprendre que toi, aussi, tu as dû te ...

... passer de ta mère…
— Oui, elle est décédée dans un accident de voiture, j’avais onze ans. Ça n’a pas été facile, surtout que ça a rendu fou mon père !

Je m’en étonne :

— Ah bon ? Rendu fou ?
— Mon père tenait beaucoup à ma mère. Il travaillait comme un fou, et c’est auprès d’elle qu’il venait se ressourcer. Son monde s’est écroulé avec elle. Après une période de flottement, pour oublier, il a travaillé plus encore. Mais il nous accordait la plupart des week-ends et il passait ses vacances avec nous. Mais il y a eu un avant et un après.
— Quelque part, c’est pire que moi…
— C’est-à-dire ?
— Moi, je n’ai pas connu ma mère, je n’ai pas connu sa perte.

Son regard s’égare dans le vague :

— Je ne sais pas… mais j’ai au moins eu l’amour de ma mère et celui de mon père.

Un ange passe…

Je n’aime pas ce genre de moment où je ne sais pas quoi dire. Alors je finis ma boisson, puis je me lève d’un bond :

— Bon, c’est pas tout ça, mais l’heure tourne et le studio est réservé après nous.

Richard sourit. Nous continuons la séance. Mais je constate que mon photographe me regarde avec un œil qui n’est pas toujours pro, mais qui n’est pas non plus égrillard, comme ça arrive trop souvent. Certains gugusses pensent qu’un modèle nu est une variante de call-girl (restons polis).

J’avoue que je ne suis pas particulièrement prude, mais je couche avec qui je veux, pas systématiquement avec qui me désire.

Depuis, nous avons fait d’autres séances photos pour le vrai ...