Partir, c’est mourir un peu - Histoires de Sexe

Partir, c’est mourir un peu

... rencontrer un de ces responsables.

Petit local en banlieue parisienne, des piles de documents, des photos d’enfants, des affiches de plusieurs pays. Deux bénévoles s’activent dans un coin. Marie est reçue par une dame très gentille :

— Comme vous pouvez le constater, nous sommes une poignée de bénévoles, le travail ne manque pas. Savez-vous que 50 000 enfants disparaissent tous les ans en France, la plupart sont des fugueurs que l’on retrouve rapidement, d’autres sont victimes d’enlèvements parentaux ? Pour certains, la fin est plus dramatique, nous accompagnons les familles lors du procès du ravisseur.
— Tant que ça ?
— Et encore, depuis la mise en place du Plan Alerte-Enlèvement, beaucoup de drames ont été évités.
— …
— Alors, dites-moi.

Marie parle, parle. Enfin une personne qui l’écoute. Pour ne pas être jugée, elle omet d’évoquer Fabrice. Espoir de courte durée, pour s’entendre dire, comme au commissariat, que son mari a le droit de disparaître comme bon lui semble.

« Ils se sont donné le mot », pense-t-elle. La dame a l’air désolée :

— On ne peut malheureusement rien faire. Nos avis de recherche ne concernent que les enfants, comme vous pouvez le constater, lui dit-elle en lui montrant les affiches autour d’eux.

Marie a l’impression de les connaître, elle a vu cent fois leurs visages à la télévision.

— Vous ne pouvez pas le rechercher ?
— Malheureusement, nous n’en avons ni les moyens ni les compétences. D’ailleurs, attention aux détectives ...

... privés qui vous proposeront leur aide. S’il y en a de sérieux, d’autres sont des escrocs qui n’en voudront qu’à votre argent, qui vivent de la détresse des gens.

Marie se prend la tête entre les mains, retenant un sanglot, elle se fait suppliante :

— S’il vous plaît, aidez-moi, je ne sais plus quoi faire. Donnez-moi au moins une idée, un conseil, je ne peux pas rester les bras croisés à attendre.
— Des policiers et des gendarmes à la retraite ont formé un groupe pour aider bénévolement les personnes qui cherchent un proche. Voici leurs coordonnées, vous pouvez toujours les contacter.
— Merci.
— Laissez-moi aussi une photo de votre mari, je la transmettrais à nos correspondants à l’étranger. Nous faisons partie d’une fédération européenne, et nous avons des contacts partout dans le monde, certaines structures n’ont pas la même organisation que nous, on ne sait jamais. Bonne chance.
— Merci. Bon courage à vous… C’est bien ce que vous faites, rajoute Marie en regardant les photos qui ornent les murs.

---oOo---

Le policier avait raison, Michel n’est pas parti sur un coup de tête, il a organisé son départ pour ne plus la voir. Marie l’a bien compris quand elle a découvert qu’il avait annulé son adresse e-mail et son compte Facebook, même son compte bancaire est fermé. Pourquoi ?

Elle n’a plus la force d’aller au travail, son médecin l’a arrêtée plusieurs jours. Elle ne dort plus, ne sort plus. Elle voudrait comprendre.

Elle espérait pouvoir ne rien dire à ...